Par Hervé BREUILT
La Galerie Vema de Dakar a été le théâtre d’un concert éclatant, ce samedi, alors qu’Agsila, artiste musicienne talentueuse, a offert une performance captivante accompagnée de son fidèle quartet afro mythique. L’équipe, composée du sahélien Laye Seck Dipita à la basse profonde, du batteur afro-jazzy de Dakar, Cheikh Ndiaye, du guitariste aux couleurs de la rumba, Johnny King Benzy, et du pianiste salutaire, David Ndecky, a démontré une maturité musicale indéniable en interprétant avec aisance les compositions d’Agsila.
Parallèlement au monde du spectacle et de l’animation, certains artistes choisissent de composer dans la clarté. Dans une société sénégalaise en constante évolution, cette clairvoyance artistique est devenue un moteur, un éclaireur vers un avenir meilleur. Les intentions sont nobles, mais leur concrétisation nécessite conception, écriture et composition. C’est dans son espace de création situé dans le petit village de pêcheurs de Yenne Kao, entre sa bibliothèque personnelle et son laboratoire sonore, qu’Agsila recherche l’inspiration. En tant que auteure et compositrice, elle possède une connaissance approfondie des airs traditionnels et des sonorités qui résonnent dans sa culture plurielle.
Issue d’un mélange d’origines wolof, peul, lébou et berbère, Agsila a été bercée par les musiques baroques d’inspiration religieuse et a été imprégnée de la culture urbaine. Inspirée par les musiques orientales, le klezmer et les rythmes afro-américains, elle propose une synthèse unique en s’appuyant sur le socle d’une langue inclusive : le wolof. Le wolof est une langue d’une grande richesse, à la fois populaire car elle intègre toutes les cultures du Sénégal, et savante car elle préserve toute la complexité des origines des grandes civilisations africaines. Cette langue érudite mérite de retrouver toute sa noblesse, c’est pourquoi Agsila nous fait découvrir sa poésie personnelle teintée de compositions stylisées.
Le dernier concert d’Agsila à la Galerie Vema a été marqué par une entente harmonieuse avec un public talentueux, et l’atmosphère était empreinte de danse et de joie. Ce voyage musical nous a transportés des rives du jazz au mbalax traditionnel, en passant par des déserts orientalistes jusqu’aux tropiques luxuriants. Agsila, vêtue de sa langue wolof classique, est devenue notre boussole en matière de musique, nous guidant vers de nouveaux horizons.
La performance d’Agsila a démontré la puissance de la musique en tant que moyen de transcender les frontières culturelles et d’offrir un langage universel. Sa fusion musicale unique a su captiver le public, créant une symbiose entre les sonorités traditionnelles et contemporaines. Agsila continue de tracer son chemin dans l’univers musical africain, illuminant ainsi l’avenir de la scène artistique sénégalaise.
Son concert à la Galerie Vema restera gravé dans les mémoires, témoignant de sa créativité sans limites et de son désir ardent de promouvoir la richesse de la langue wolof et des cultures qui l’ont façonnée.
Les amateurs de musique du Sénégal et d’ailleurs attendent avec impatience les prochaines performances d’Agsila, espérant être transportés une fois de plus dans cet univers musical envoûtant et stimulant.