Les acteurs des organisations paysannes et de la société civile ont voulu unir leurs efforts en mettant en place un groupe de travail pour la Transition Agro écologique (AE) au Sénégal qui a initié un processus de construction d’un document de contribution à la politique nationale de transition agro écologique. Cette contribution est élaborée suivant un processus inclusif qui s’appuiera sur les connaissances des acteurs mobilisés, durant trois jours à Dakar, mais aussi les consultations locales au niveau des six zones agro-écologique.
Dans le cadre de ce processus, le CNCR a organisé avec l’appui d’UPA DI, du 9 au 11 juillet 2019, un atelier national de réflexion sur la transition agro-écologique qui est l’occasion de partager les bonnes pratiques, d’échanger avec l’ensemble des acteurs et partenaires. Il s’agit, indique le secrétaire général de CNCR, Ahmadou Moukhtar Mbodj, de définir la feuille de route pour l’élaboration du document de contribution des organisations de producteurs et de la société civile.
Pour réussir la transition agro écologique au Sénégal, il parait important pour la représentante du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Seynabou Diouf, de renforcer la durabilité et la résilience de systèmes agricoles nationaux, de diversifier les systèmes de production agro-sylvo-pastoraux et halieutiques: de mettre en œuvre une politique nationale intégrée de gestion des écosystèmes, d’intensifier les logiques de partenariat et la coopération internationale pour une bonne prise en charge de la transition au Sénégal. «La combinaison de ces actions dans une synergie d’intervention facilitera l’aboutissement à des écosystèmes sains, diversifiés et productifs à même de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de nos populations africaines en général et sénégalais en particulier», préconise-t-elle.
Perçue comme une pratique d’agriculture durable combinant ‘’savoir autochtone et science de pointe’’, l’agro-écologie apparait comme une solution face au changement climatique et à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. En effet la quête d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable constitue l’un des grands défis de notre époque comme en atteste l’ODD 2 qui vise à mettre en terme à la faim et à la malnutrition sous toutes leurs formes d’ici 2030. Cela nécessite dans un contexte où le changement climatique amplifie les facteurs environnementaux et socioéconomiques d’insécurité alimentaire, d’apporter des changements dans les modes de production en s’appuyant sur des pratiques agricoles durables à travers une exploitation rationnelle des ressources. A son avis, l’agro-écologie qui appelle un changement de système global est aujourd’hui au cœur de nombreuses politiques publiques à travers l’Afrique et le monde, mais aussi au Sénégal avec le Pse vert. L’agro écologie fait partie de 5 initiatives majeures du gouvernement du Sénégal retenues dans le plan d’actions prioritaires (Pap 2019-2023) du plan Sénégal Emergent.
En plus d’être au cœur de l’adaptation au changement climatique et de sécurité alimentaire, l’agro écologie est aussi au centre du défi de l’emploi et du développement économique au Sahel, où l’économie alimentaire représente près de 240 milliards de dollars et constitue un gisement d’emplois capital avec 80% des emplois en zones rurales.
Près de 440 milliards de jeunes seront sur le marché de l’emploi dans les 10 ans à venir en Afrique subsaharienne. L’urgence est certes là, les solutions aussi. La transition agro-écologique est reconnue à travers le monde comme l’une de ces solutions.
Cependant, pour opérer cette transition agro-écologique, atteste le représentant de la FAO, Makhfous Sarr, il est nécessaire de systématiser les pratiques agro-écologiques. Cette systématisation des pratiques agro-écologiques qui combinent des méthodes de production durables telles que l’agriculture de proximité, l’élevage familial, la lutte contre l’érosion, l’agro- foresterie, entre autres, du Sénégal, ajoute-t-il, devra se faire avec les pouvoirs publics, les organisations paysannes, le secteur agro industriel et la recherche et pourrait devenir un bel exemple pour une économie verte.
Ch. Seck NDONG