Des manifestations ont éclaté ce lundi 14 janvier dans les principales villes zimbabwéennes, en protestation contre la hausse des prix de l’essence. Le gouvernement a annoncé, samedi dernier, une hausse des prix des carburants afin de juguler la pénurie engendrée par des exportations informelles massives qui continuent à plomber une économie déjà mal en point.
Le gouvernement d’Emmerson Mnangagwa, successeur de l’ancien chef de l’Etat Robert Mugabe, savait à quoi s’attendre en décidant, samedi dernier, de rehausser de près de 150% le prix de l’essence dans le pays.
Ce lundi, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays notamment à Harare la capitale, et à Bulawayo dans le sud. Les manifestants protestent contre la hausse, jugée trop drastique et la police a été déployée dans les principaux quartiers des principales villes afin de contenir la fronde sociale qui ne fait commencer.
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Selon les informations rapportées par des médias locaux, des manifestants ont érigés des barricades avec de grosses pierres ou des pneus brûlés dans les principales villes du pays, et en milieu de journée, la situation était encore tendue, avec la circulation entravée à différents endroits. Des pilleurs se sont également pris à plusieurs magasins situés dans les centre-ville et certains quartiers périphériques comme a fait cas le gouvernement dans un communiqué, ajoutant que « toutes les mesures seront prises par les forces de sécurité afin d’assurer la protection des personnes et leurs biens ».
Pénurie de devises et d’essence
L’économie zimbabwéenne était dans une situation critique depuis plusieurs années et malgré le changement de régime, les nouvelles autorités peinent à contenir la conjoncture. Cette fois, la goutte qui a fait déborder le vase, c’est l’annonce faite par le président Mnangagwa, samedi 12 janvier, de l’augmentation du prix de l’essence dont le litre passe désormais de 1,32 dollar à 3,31 dollars. Il s’agit pour le gouvernement de juguler la pénurie du carburant mais aussi de devises, deux facteurs qui ont amplifié la crise économique et sociale ces deux derniers mois.
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Le pays fait face à une pénurie de devises notamment le dollar américain qui a remplacé la monnaie nationale en 2009, et malgré l’introduction en 2016 des obligations de substitution sous forme de « bonds notes », le Zimbabwe souffre encore d’un manque criant de liquidités en dollars américains. Faute de confiance de la part des acteurs économiques, la valeur de ces obligations a fortement baissé, amplifiant l’inflation notamment pour les produits de première nécessité dont les produits pétroliers. La dépréciation des « bonds notes » a en effet fait baissé le prix du carburant dans le pays, et a donc favorisé des exportations massives vers les pays voisins, ce qui a engendré une pénurie d’essence qui est venu exacerber les tensions sociales.
Malgré la fronde qui risque de perdurer d’autant que la principale centrale syndicale du pays a appelé à une grève générale de trois jours à partir de ce lundi, les autorités n’entendent pas reculer et promettes de sévir contre les protestataires. Le gouvernement compte sur son plan de relance économique afin de contenir la situation et selon le ministre des Finances, Mthuli Ncube, une nouvelle monnaie locale serait introduite au cours de cette année.