La Banque mondiale a publié, mardi 8 janvier, ses nouvelles perspectives pour l’économie mondiale, les premières de la série pour 2019. Selon le rapport, malgré un ralentissement de l’économie mondiale, la croissance devrait s’accélérer en Afrique subsaharienne. La reprise attendue dans les plus grandes économies du continent ainsi que l’amélioration de l’investissement expliquent cette dynamique qui reste toutefois dépendante de l’évolution des cours des matières premières et de l’atténuation des incertitudes politiques.
Bonne nouvelle pour l’Afrique ! L’année commence sous de bons auspices avec des prévisions d’une croissance assez soutenue pour les pays d’Afrique subsaharienne. C’est ce que vient de publier la Banque mondiale qui vient de lancer, mercredi 8 janvier depuis Washington, la série des prévisions de croissance pour 2019.
Selon le rapport, « les perspectives de l’économie mondiale en 2019 se sont assombries », en raison notamment d’une faiblesse des échanges commerciaux et des investissements internationaux, qui s’ajoutent à des tensions commerciales encore vives ainsi que des pressions des marchés financiers sur les économies émergentes.
Dans ce contexte d’accentuation des risques de détérioration des perspectives, la croissance économique mondiale devrait, selon la Banque mondiale, fléchir cette année pour passer d’un taux révisé à la baisse de 3% en 2018 à 2,9% en 2019.
Avec une projection de 3,4%, l’Afrique subsaharienne fait donc mieux que l’économie mondiale et la Banque mondiale s’attend même à une accélération de la croissance dans la région
« En Afrique subsaharienne, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre 3,4 % en 2019, en supposant une diminution de l’incertitude pesant sur les politiques publiques, l’amélioration de l’investissement dans les grandes économies et la poursuite d’une croissance robuste dans les pays à faible intensité de ressources », a estimé la Banque mondiale dans ses premières perspectives de l’année.
Reprise confirmée pour les grandes économies
Tous les pays ne sont certes pas logés à la même enseigne et en la matière, la dynamique de croissance projetée s’explique en grande partie par le bon comportement attendu des principales économies du continent. Au Nigeria, par exemple, l’expansion devrait s’intensifier pour atteindre 2,2% en 2019 sur la base d’une reprise de la production pétrolière et d’un scénario selon lequel une lente amélioration de la demande privée freinera la croissance du secteur industriel non pétrolier.
Selon les prévisions de la Banque mondiale, la croissance en Angola devrait atteindre 2,9 % en 2019 grâce à la reprise du secteur pétrolier résultant de l’exploitation de nouveaux champs pétrolifères et de l’amélioration du climat des affaires par la mise en œuvre de réformes. Autre exemple de la confirmation de cette reprise, c’est l’Afrique du Sud, où selon le rapport, l’expansion économique devrait prendre un peu de vitesse pour afficher un taux de 1,3 %, « dans un contexte caractérisé par les contraintes pesant sur la demande intérieure et le montant limité des dépenses publiques ».
Lire aussi : Perspectives économiques : malgré des vents contraires, la reprise des géants africains se confirme
Selon la Banque mondiale, « le redressement de l’économie subsaharienne se poursuit, bien qu’à un rythme plus faible ». Ainsi, les nouvelles estimations font ressortir que la croissance dans la région a progressé, passant de 2,6 % en 2017 à 2,7 % en 2018. Toutefois, poursuit la même source, cette progression est inférieure aux prévisions, en raison en partie des faiblesses observées au Nigéria, en Afrique du Sud et en Angola.
« La région a été confrontée à un environnement extérieur plus difficile durant l’année qui vient de s’achever, caractérisé par le ralentissement du commerce mondial, le resserrement des conditions de financement et le raffermissement du dollar américain, fait ressortir le document.
Malgré les chocs, une bonne année 2018
En plus de la difficile conjoncture dans laquelle pataugeait les dernières années, les grandes économies du continent, le rapport a fait des difficultés des économies de la CEMAC, qui ont toutefois, tiré profit de l’augmentation de la production pétrolière et de la bonne tenue des prix du pétrole durant la grande majorité de l’année 2018.
En Afrique de l’Ouest, c’est la production agricole, les services, la consommation des ménages et l’investissement public, qui ont soutenu l’activité économique notamment dans les pays pauvres en ressources naturelles. Plusieurs pays de l’UEMOA ont ainsi enregistré un taux de croissance de 6 % ou plus.
Lire aussi : L’Afrique en 2018 : nettement plus optimiste que le FMI et la Banque mondiale, la BAD livre ses perspectives
Malgré ces embellies et ces contrastes, la Banque a cependant noté que partout dans la région, « il est devenu plus difficile de financer la balance des paiements dans un contexte marqué par le renchérissement des coûts des emprunts extérieurs et l’affaiblissement des flux de capitaux ».
Les monnaies de la région ont ainsi perdu de la valeur alors que le dollar américain s’appréciait et l’attrait des investisseurs pour les marchés émergents diminuait. En 2019, la croissance devrait s’accélérer dans la région, bien que selon le rapport, la croissance par habitant devrait rester largement inférieure à la moyenne à long terme dans de nombreux pays, et contribuer dans une faible mesure à la réduction de la pauvreté.
La dynamique est portée par divers leviers de croissance en fonction des sous-régions. Dans la zone CEMAC par exemple, les perspectives sont portées par l’augmentation de la production pétrolière et une hausse de la demande intérieure consécutive à l’assouplissement des mesures d’austérité budgétaire.
L’activité économique devrait s’accélérer pour atteindre un taux de 3% dans les pays de la CEMAC, projette la Banque mondiale qui s’attend également à un léger rebond de la croissance chez les exportateurs de métaux, soutenu en partie par une plus forte activité minière. Dans les pays pauvres en ressources naturelles, c’est l’investissement public et une production agricole abondante qui devraient favoriser le maintien d’une activité robuste.
Risques et incertitudes
Selon les projections, la croissance devrait ralentir en Côte d’Ivoire, à 7,3 %, rebondir au Kenya à 5,8 % et s’envoler en Tanzanie à 6,8 %. Ces perspectives restent malgré tout conditionnées à certains risques dont la balance pèse négativement sur les perspectives régionales.
Selon les auteurs du rapport, une croissance plus lente que prévu dans la zone euro et en Chine devrait avoir des répercussions négatives sur la région, qui se manifesteraient par une baisse de la demande d’exportations et une diminution des investissements. Par ailleurs, relève le document, « les producteurs de métaux de la région seraient probablement durement touchés par l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine », alors, «qu’une normalisation plus rapide que prévu de la politique monétaire des pays avancés pourrait se traduire par de fortes réductions des apports de capitaux, le renchérissement des coûts de financement et de brusques dépréciations des taux de change ».
« Là où se dérouleront des élections en 2019, des considérations de politique intérieure pourraient remettre en cause les engagements nécessaires pour s’attaquer aux déficits budgétaires ou mettre en œuvre les réformes structurelles, particulièrement si le niveau de la dette publique est élevé et augmente », a fait relever la Banque mondiale.
Selon la banque mondiale, « la dépendance accrue à l’égard des emprunts en devises a accru les risques de refinancement et la vulnérabilité aux fluctuations des taux de change dans les pays débiteurs ».
Aussi, les risques intérieurs restent particulièrement élevés avec l’incertitude politique et l’affaiblissement concomitant des réformes économiques qui pourraient continuer à peser sur les perspectives de nombreux pays.