Depuis plus de 40 ans, la maison des esclaves est un lieu de mémoire et de réconciliation. Aujourd’hui, le gouvernement du Sénégal en partenariat avec la Coalition internationale des sites de conscience et la fondation Ford, entreprend une revitalisation majeure du site à l’identique. Cela implique de nouvelles expositions, l’ouverture de la maison de Victoria Albis du nom de la signare à qui, avait appartenu la villa et qui fait face à la maison historique de l’autre côté de la rue. À terme, il deviendra un centre international de documentation et d’interprétation de la traite négrière relié à la maison des esclaves.
« Cela suppose naturellement le déplacement de tout ce qui est bureau de la maison des esclaves elle-même, vers cet endroit. Nous conserverons l’espace mémoriel qui va continuer de jouer son rôle tandis que la maison Albis renfermera les bureaux et les nouvelles expositions que nous sommes en train de planifier », a confié le conservateur de la maison des esclaves de Gorée.
De nouvelles façons d’apprendre et la rénovation de ces deux édifices vont participer, activement, à la préservation et à l’amélioration de la façon dont les visiteurs devraient profiter du site.
« Il est difficile de rester au sommet comme le dit l’adage, qui ne peut plus monter risque de descendre et pour éviter cela, la maison des esclaves doit, du fait de son label, occuper la place qui est la sienne. Nous sommes obligés de mettre à la disposition du public, de tous les visiteurs, de nouveaux supports, notamment, scientifiques qui permettent à tout un chacun à partir de l’endroit où il est, d’avoir des informations sur la maison des esclaves, de pouvoir la visiter sans avoir besoin de se déplacer, sauf si c’est nécessaire », affirme Eloi Coly.
La nouvelle forme d’expositions qui va être édifiée consistera à mettre des panneaux temporaires présentant aux visiteurs des mots, des images et des concepts qui seront dans les espaces finaux, à travers, les deux bâtiments. Ils seront sur l’esclavage, l’Ile de Gorée, la mémoire, le passé et l’avenir.
« Les expositions existantes sont vieilles, parce que la dernière date de 1990, or cette exposition ne prend pas en compte les nouvelles implications, donc la réactualiser suppose l’intégration des nouvelles découvertes, des nouvelles visions, à savoir les nouvelles implications qui sont apparues depuis le printemps arabe mais également, la nouvelle compréhension qu’on a de cette page triste de l’histoire de l’humanité », explique le gestionnaire du site.
Le budget du financement pour la réhabilitation du site mémoriel est estimé à hauteur de 1.800.000 dollars dont une contribution de 1 million de dollars de la Fondation Ford et 800.000 dollars du gouvernement sénégalais.
Un groupe d’historiens et d’experts sénégalais et internationaux, en collaboration avec la communauté locale et des chercheurs, assure les travaux qui tendent à revitaliser la maison des esclaves, mais surtout, travaille pour partager l’histoire de cet important lieu de mémoire. La raison revient à faire en sorte que la maison historique exploite tout son potentiel pour servir de référentiel de connaissances sur la traite transatlantique des esclaves et de catalyseur du dialogue sur la mémoire et les questions clés auxquelles l’humanité est confrontée aujourd’hui. Cela permettra au musée de devenir un centre mondial d’excellence sur l’esclavage et ses conséquences contemporaines. Le projet de revitalisation de la maison des esclaves est à sa dernière phase. La fin des travaux est prévue d’ici la fin de l’année 2019.
Dans la même lancée, le comité scientifique en charge de la revitalisation de la maison des esclaves ambitionne de préserver la mémoire de feu Boubacar Joseph NDIAYE, considéré comme le conservateur en chef de la maison des esclavages. Ainsi, il aspire à sauvegarder le legs de ce dernier rappelé à Dieu le 6 février 2009.
éSi Joseph n’avait pas été là, évidemment, aujourd’hui, ce que vous voyez n’aurait pas eu lieu parce qu’à l’époque où personne n’avait osé aborder ces questions qui étaient des questions tabous, il avait été là pour porter la parole et pour être le porte voix des sans voixé, témoigne son successeur. Eloi Coly de préciser que « dans la maison des esclaves, nous essayons d’entretenir cette mémoire de Joseph Ndiaye et dans le cadre du projet de revitalisation du site historique, ce qui avait constitué son bureau, va être un espace que nous allons aménager pour préserver sa mémoire ». Pour ce dernier, tout est arrivé par lui et il ne faudrait pas oublier, qu’à l’origine, il y avait eu un homme qui avait sacrifié sa propre vie, son avenir, pour défendre la cause des noirs.
Le projet de revitalisation du musée s’inscrit dans le cadre de la volonté commune des autorités étatiques en collaboration avec leurs partenaires, pour faire du Sénégal, grâce à la maison des esclaves, le pays touristique le plus attractif.