Par Ablaye Modou Ndiaye
Présenté lundi 14 octobre 2024 par le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye au CICAD de Diamniadio, le nouveau référentiel économique du Sénégal fait depuis plusieurs jours les choux gras de la presse locale et internationale. Certes, sa contenance polarise plus d’un mais ses similitudes avec le Plan Sénégal Emergent (PSE) du régime sortant sèment la pomme de discorde chez bon nombre d’acteurs politiques et économiques.
Le projet de Pastef ou le « rewriting » du PSE, telle est la titraille que nous avions donnée à notre article comparatif, publié à la Une du quotidien « Relief » daté du 26 septembre 2024. Ledit article alertait déjà sur les similitudes des programmes de developpement, tous deux contemporains mais proposés par des régimes dont les acteurs sont aux antipodes.
Comment des acteurs qui pendant une décade n’ont ménagé aucun effort pour montrer leur divergence de vision politique, économique et sociale, ont pu se retrouver autour des référentiels économiques dont les axes prioritaires sont des siamois. Même si le PSE avait fait appel au cabinet international Mckinsey pour son élaboration et que la Vision 2050 a fait confiance à l’expertise locale, Performance Group de Victor Ndiaye, les deux plans présentent des similitudes dans leur structure. Le PSE était organisé autour de 3 axes majeurs, tandis que la vision 2050 se développe autour de 4 axes qui reprennent en grande partie les déclinaisons 2035 et les principaux thèmes du PSE: économie compétitive, capital humain de qualité et équité sociale, aménagement et engagement durables et bonne gouvernance.
Cependant, les délais assez courts sur lesquels ont travaillé le cabinet Performance Group qui revendique un portefeuille de plus de 100 clients et une centaine de consultants intervenant sur tout le continent africain, ont-ils permis de livrer un référentiel innovant avec une approche holistique de developpement ?
Le scepticisme à ce niveau reste entier car pour beaucoup de spécialistes en stratégie de developpement, la durée nécessaire pour rédiger un référentiel économique touchant tous les secteurs dépend de plusieurs facteurs et peut s’étaler jusqu’à 3 ans. Généralement, la consultation, l’analyse des données et des besoins, ainsi que l’établissement des objectifs et des actions à entreprendre sont des étapes qui influencent le temps requis.
Ces délais insuffisants pour mener des études abyssales ont-ils causé la gémellité notée dans les deux programmes susmentionnés ? Le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko qui était très attendu pour sa feuille de route depuis près de 7 mois, a-t-il mené un exercice pressant sur le cabinet Performance Group pour que la « Vision 2050 » soit présentée au grand public le plutôt possible vu les échéances électorales qui se profilent à l’horizon ?
La certitude est que les farouches opposants de l’actuel régime n’ont pas manqué d’exprimer leurs vives critiques sur le nouveau référentiel qu’ils qualifient de « cocktail de réchauffé et de plagiat » du Plan Sénégal Emergent.