Par Ibrahima FALL
Le président du Parti des alliances pour la nouvelle élite (Panel), Dr Assane Ka, candidat à la présidentielle de 2024, a constaté qu’il y a une seule équipe politique qui gère au sommet de l’Etat depuis les indépendances. Cette élite, a-t-il indiqué, est toujours légèrement modifiée en fonction des mandats. Il estime que les renouvellements se font à chaque mandat d’environ 60 à 40 %; ce qui est minimal par rapport à l’attente des Sénégalais. A son avis, il y a un Sénégal des sommités et un Sénégal de la basse classe. Et, les banlieues sont toujours laissées en rade.
«C’est vraiment le moment, le tournoi décisif, pour que les banlieues puissent se prendre en charge et diriger ce pays. On a essayé avec les citadins pendant plus de 30 ans, 40 ans, bientôt 50 ans, on dira depuis après les indépendances mais jusqu’aujourd’hui, on a vu cette même banlieue de Dakar demeurer dans la souffrance. Donc, il est temps que ces gens-là qui vivent dans les inondations, les souffrances qu’on peut imaginer dans des taudis, dans un système éducatif délabré, un système de santé qui n’est pas des mieux lotis; dans ce nouveau monde, il faut qu’ils se prennent en charge, redistribuent les cartes à leur avantage pour que docteur Assane Kâ puisse diriger ce pays au nom de la banlieue», a lancé le président du Parti des alliances pour la nouvelle élite (Panel), candidat à l’élection présidentielle de février 2024.
Habituellement, a-t-il dénoncé, on ne voit pas de candidats en provenance de la banlieue et le sommet de l’État est toujours géré par des gens des centres ville. Pourtant il remarquable que les gens de la banlieue constituent la majorité de la population sénégalaise. Il y a également les gens qui viennent des villages.
A Dakar, le centre-ville est rempli le jour mais le soir c’est le tour de la banlieue qui est toujours élevée au second plan. Les banlieues du Sénégal sont dans la misère, dans les inondations, économiquement moins loties. Pour Dr Assane Kâ, il y a lieu de faire une introspection au niveau des banlieues, de s’auto- prendre en charge et réclamer sa part au sommet de l’État et du pouvoir.
A propos des innovations, souligne le président du Panel, ce qui doit se faire et qui ne se fait pas jusqu’ici, ce sont les consultations citoyennes. On en a vu lors des Assises nationales de 2007-2008, ça n’a pas été finalement productif parce que ce qui a été élaborée comme document n’a pas pu être mis en exergue dans la gestion de l’État. On a aussi revu les Conseils des ministres ou Conseils présidentiels décentralisés dans les différentes régions du pays. Mais aujourd’hui, relève Dr Kâ, le constat est là. «Quel est l’apport par rapport à ça ? Quelle est la valeur ajoutée ?», s’interroge-t-il.
A son avis, ce qui doit se faire c’est quand on doit présenter un programme, on doit plutôt demander aux concernés ce qu’ils attendent, ce qu’ils veulent, comment ils souhaiteraient vivre dans ce Sénégal et mettre en pratique cette demande sociale au niveau du Sénégal afin de pouvoir présenter un programme. Généralement, des politiciens se barricadent dans des bureaux climatisés et ouvrent leur ordinateur, regardent sur internet pour élaborer un programme très bien structuré. Quand ils le présentent aux militants, on estime que c’est un excellent programme. «Mais est-ce que ce sont des programmes qui répondent aux attentes des populations ?», insiste Dr Kâ. Il pense qu’un programme pertinent, viable, doit provenir des citoyens concernés; acteurs socio-économiques, religieux, pour apporter des réponses positives à la demande sociale.
Concernant l’immigration clandestine, le président du Panel trouve que ceux qui prennent les pirogues de fortune, ce sont des gens, généralement à qui on ne tend ni le micro ni la plume pour leur demander leur avis sur le devenir du Sénégal. Ce sont des gens également dont les préoccupations qui les concernent dans leur environnement respectif ne sont pas bien prises en charge par les autorités étatiques. Ainsi, ils se sentent négligés, abandonnés et s’abandonnent eux-mêmes en mer pour essayer de trouver des conditions de vie meilleures. Mais à quel prix ? Dr Kâ déplore le fait que l’étau se resserre souvent autour de leur cou. Ils prennent des coups à tort et à travers.
La solution, à son avis, c’est de considéré qu’il devrait y avoir un seul Sénégal, pas seulement de Dakar-Plateau, des Almadies, qui se distingue du Sénégal de Kédougou, Fouta, Fongolémi, Backel, et autre. Il faudrait que quand l’État offre des opportunités, des avantages, aux gens qui habitent dans la ville, que ces mêmes offres soient d’égale distribution à l’endroit des qui sont dans les coins les plus reculés. A propos de l’emploi des jeunes, Dr Kâ a fait savoir que cette problématique de devrait être prise en charge par le secteur privé; parce que l’emploi est du ressort de du secteur privé. Si on n’a pas un secteur privé fort, renforcé par l’État, le problème va se poser parce que normalement ce sont les entreprises, les sociétés, qui recrutent.
Autre chose qui est importante, évoque Dr Ka, on doit aussi miser sur la formation car cette façon d’éduquer des jeunes qui font 20 ans de scolarité et qui se retrouvent avec des diplômes sans être employables. Ils sont obligés, après le baccalauréat après même le diplôme universitaire, de faire une reconversion à travers une formation pour pouvoir être employable.
Logiquement, préconise-t-il, quelqu’un qui étudie durant 10 ans devait être suffisamment fertile pour le marché de l’emploi. Le leader du Panel trouve qu’il y a beaucoup de paramètres à résoudre. «On a aujourd’hui le secteur du commerce informel qui doit être mieux considéré, mieux écouté, pour permettre d’absorber le marché de l’emploi; parce que c’est un secteur qui est productif à hauteur de 40 % de notre Pib national», a souligné Dr Kâ.
Parlant de la santé, il dira que ce secteur est quelque part misérable en banlieue, mais très luxueuse en ville. C’est ce qui fait que le combat de 2024 doit être en combat de la banlieue; parce que les structures de santé les hôpitaux qui ne sont pas souvent très accessibles à nos populations sur le plan des coûts mais également sur le plan de la prise en charge.
A son avis, on doit revoir notre système de protection sociale pour que demain si quelqu’un tombe malade qu’il puisse se soigner sans qu’on attende quelque chose de sa poche. «Cette prise en charge effective doit passer par une politique globale de protection sociale», préconise-t-il, avec l’implication de tous les acteurs de différents secteurs.