Message de Ali BETY, Haut Commissaire à l’Initiative 3N, NIGER
Conférence de haut niveau à Dakar
Sur l’état des PNIA et les systèmes alimentaires dans le cadre du PDDAA au Niger
Madame Bekele Nardos Thomas, CEO of AUDA-NEPAD
Monsieur le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture et de l’Équipement Rural du Sénégal,
Madame Estherine Lisinge-Fotabong et Monsieur Amin Idriss Adoum, Directeurs à l’AUDA/NEPAD,
Mesdames et Messieurs les représentants des Etats, de la Société Civile et du secteur Privé,
Chers invités, Mesdames et messieurs
Je voudrai pour commencer remercier le Gouvernement du Sénégal pour l’accueil et l’hospitalité depuis notre arrivée à Dakar.
Je remercie également l’AUDA NEPAD pour l’invitation à prendre part à cet événement important dans le cycle de la politique de notre agriculture continentale.
Je me réjouis d’être parmi vous pour cet événement de partage en vue de voir le chemin parcouru et celui à parcourir les prochaines années, ensemble au sein de l’Union Africaine et son PDDAA
Mesdames et Messieurs,
Au Niger, les leçons tirées de l’expérience d’adaptation aux sécheresses répétées, aux situations d’insécurité dans certaines zones ont permis au pays de développer davantage de stratégies d’atténuation, en opérationnalisant les principales orientations du Plan Régional d’Investissement Agricole (PRIA) à travers l’initiative « 3N », la stratégie de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et le Développement Agricole Durable qui représente le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) du Niger. L’initiative 3N a été adopté par le Gouvernement du Niger, comme politique depuis 2011.
Le Plan d’Action (PA) 2016-2020, ainsi que le nouveau Plan d’Action 2021-2025 de l’Initiative 3N sont ainsi élaborée et mis en œuvre conformément aux recommandations de l’atelier régional de lancement du processus d’élaboration des Plans nationaux d’investissement agricoles (PNIA) et du Plan régional d’investissement agricole (PRIA) de seconde génération tenue à Abidjan, du 30 mai au 2 juin 2016, qui se basent sur le processus du PDDAA et notamment les engagements de Malabo 2014.
Cette nouvelle phase de l’Initiative 3N va permettre d’accélérer la transformation des systèmes alimentaires pour les rendre plus résilients, durables, équitables et réduire la dépendance aux importations alimentaires tout en promouvant l’état nutritionnel de la population.
Parlant des engagements de Malabo, et de la mise en œuvre des PRIA et PNIA, le Niger a réalisé des progrès significatifs en dépit du contexte sécuritaire sous-régional sahélien dégradé et qui affecte la vie des populations et leur capacité de production, contexte qui vient aggraver les effets des CC déjà fortement ressentis. Dans ce contexte, le Niger a multiplié par six le volume des productions irriguées, en équivalent céréalier, augmenter les productions de viande, de lait, la restauration des terres dégradées à vocation agricole, sylvicole et pastorale, doublé le PIB du secteur et réduit de 10% la pauvreté rurale, en dix ans de mise en œuvre de l’Initiative 3N.
Le nouveau plan d’action de l’Initiative 3N qui va permettre d’accélérer la transformation des systèmes alimentaires, saisira l’opportunité que représente l’avènement de la ZLECAF pour le développement des chaines de valeur agro-sylvo-pastorales et halieutiques qui porteront une agro-industrie nationale vecteur du développement de l’entreprenariat privé agroalimentaire et générateurs d’emplois décents, notamment pour les jeunes et les femmes.
Déjà dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau plan d’action 2021-2025 de l’I3N, des réalisations importantes ont été enregistrées en relation avec les grandes orientations stratégiques du pays pour le secteur et en lien avec la feuille de route de transformations des systèmes alimentaires :
Avancée dans la consolidation des réformes et l’appui aux politiques et stratégies d’accroissement de la performance du secteur par :
- L’opérationnalisation du Fonds d’Investissements pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) qui fournit une combinaison de crédit et subvention aux producteurs et transformateurs ;
- l’opérationnalisation du Système National du Conseil Agricole;
- l’élaboration et l’Adoption de la Politique Nationale du Foncier Rural;
- l’élaboration et l’adoption de la Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture au Niger ; cette stratégie permettra d’accroitre significativement la production de riz irrigué et de remédier progressivement au poids financier des importations annuelles de riz, estimées à 150 milliards FCFA en 2018;
- l’élaboration et l’Adoption de la Stratégie Nationale d’Achats Locaux auprès des Petits Producteurs ;
- l’élaboration du 2ème Plan d’Action multisectoriel de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle;
- l’élaboration et l’adoption de la Stratégie Nationale de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires du DNPGCA 2021-2025 ;
- l’animation de la dynamique multi acteurs d’opérationnalisation de l’approche Nexus Humanitaire-Paix-Développement, notamment pour répondre aux défis des zones affectées par l’instabilité.
Accroissement du soutien aux chaînes de valeurs agrosylvopastorales et halieutiques par la promotion de la transformation et de la commercialisation des produits locaux :
L’Agriculture nigérienne évolue dans un monde économique en transformation rapide et mu par l’innovation et les gains de productivité, par le développement de nouveaux outillages et la compétitivité des marchés où chacun doit produire dans les meilleures conditions possibles pour pouvoir vendre et satisfaire des besoins qui se transforment sans cesse en milieu rural : Transport, Electricité, eau, communication etc. Pour accompagner cette transformation des modes de vie, les revenus des agriculteurs doivent nécessairement augmenter. Les priorités de l’Initiative 3N sont adaptées à ces transformations individuelles, communautaires, nationales et internationales. L’objectif principal de l’axe 2 du cadre stratégique de l’I3N, donc du programme stratégique 2 de l’initiative 3N, matérialise cette adaptation. Les actions fortes de l’année 2021sont :
- l’organisation de foires et marchés pour la promotion du « Consommer nigérien » et des circuits courts, sur l’ensemble du territoire nigérien,
- la mise à disposition d’équipements et de subventions pour les groupements et entreprises locales du secteur de la transformation alimentaire afin qu’ils modernisent leurs installations et accroissent leurs capacités de production ; 31 équipements sont ainsi mis en place dans 4 régions du pays,
- la mise en place d’une unité industrielle de production de film plastique biodégradable pour remédier au coût et à la mauvaise qualité des emballages disponibles sur le marché national et régional,
- l’appui à la certification des produits locaux transformés en accompagnant les promoteurs et promotrices dans la mise en place d’un système qualité d’amélioration de leur compétitivité sur le marché national, régional, et international ; 47 produits ont ainsi été certifiés en 2021.
Réalisation d’études et mobilisation de partenariats dans des domaines stratégiques d’action :
- étude de la fiscalité rurale au Niger pour bâtir un argumentaire de promotion d’une fiscalité favorable au secteur agroalimentaire et au développement des chaînes de valeur,
- étude des capacités, rôles et responsabilités des Collectivités territoriales dans la mobilisation des investissements structurants pour la SAN/DAD, et dans la prévention et gestion des crises,
- Etude sur la prise en compte de la situation particulière des zones fragiles du Niger pour l’amplification et la pérennisation des investissements dans le cadre de la SAN/DAD.
Avancée dans l’accroissement et la diversification des productions sous pluies :
L’objectif est de porter cette production de 5 296 551 tonnes en 2020 à 7 142 805 tonnes en 2025, soit un accroissement net de 35 % en 5 ans. Pour réaliser cet objectif les mesures suivantes sont en cours de mise en œuvre :
- L’opérationnalisation de la plateforme de services aux producteurs (la maison du paysan) dans chaque commune, pour permettre le rapprochement des facteurs de productions et de l’encadrement des producteurs
- Un soutien plus significatif à la recherche agronomique,
- L’utilisation et la mise au point de semences plus performantes,
- l’intensification de la production de semences améliorées,
- la création de champs écoles,
- une vulgarisation plus organisée et mieux soutenue des résultats de la recherche agronomique,
- l’accroissement, en moyenne annuelle, de 20% des superficies emblavées avec des semences améliorées,
- la mise à la disposition des producteurs d’engrais de qualité certifiée en relation avec une meilleure cartographie des sols,
- la mise à la disposition des producteurs de produits phytosanitaires de qualité
- la mise à la disposition des producteurs d’outils et équipements de travail du sol, de kits de traction animale, de motoculteurs et de batteuses,
- la conduite d’une étude pour une mécanisation de l’agriculture adaptée à la nature des sols et la réduction les pertes post-récoltes.
Avancée dans l’accroissement des productions irriguées et de décrue :
Grace aux leçons apprises de la mise en œuvre du plan d’action 2016-2020 de l’I3N, l’irrigation est remise une fois de plus au centre des priorités du Plan d’action 2021-2025, comme 1e action d’adaptation au CC. En effet, il est apparu que la mobilisation des eaux durant la période 2016-2020 combinée à l’amélioration de l’offre en engrais et autres facteurs de production a eu un impact plus significatif sur la production irriguée en termes d’équivalent céréalier comparé à la production céréalière pluviale. Aussi, les contre-performances enregistrées sur la campagne agricole 2021 ont confirmé cet état de fait. C’est pourquoi les efforts seront redoublés sur la production irriguée afin qu’à l’horizon 2025, la production irriguée en équivalent céréalier soit portée à 3 100 000 tonnes contre 1 032 023 tonnes en 2020, soit une multiplication par trois (3). Pour atteindre ce résultat, le volume d’eau à mobiliser sera doublé à l’horizon 2025 pour passer de 59 963 000 de m3 en fin 2020 à 122 627 000 de m3 en fin 2025. Les superficies irriguées quant à elles, passeront de 207 789 ha en fin 2020 à 356 000 ha en fin 2025.
Avancées dans le renforcement de la résilience aux crises et chocs et l’opérationnalisation d’une approche Nexus Humanitaire-Développement-Paix
Le Niger demeure particulièrement exposé au changement climatique et aux risques liées aux catastrophes naturelles (sécheresses, inondations) mais aussi aux crises anthropiques, notamment aux conséquences de conflits dans les pays voisins et de l’incursion de groupes armés entrainant des déplacements de populations (réfugiés, personnes déplacées internes). Ces phénomènes pèsent sur le développement socio-économique du pays et sur la mise en œuvre des politiques publiques.
L’intégration de programmes opérationnels relevant du Dispositif National de Prévention et Gestion des Crises Alimentaires et du Ministère de l’Action Humanitaire et GC permet de renforcer les synergies avec des programmes de développement structurant dans le secteur SANAD et de mieux anticiper et répondre aux crises. Les interventions du DNPGCA assurent progressivement une meilleure articulation avec les programmes de protection sociale ciblant les ménages chroniquement vulnérables, ainsi qu’une meilleure prise en compte du soutien aux moyens d’existence et aux capacités productives. Le HC3N collabore également étroitement avec le MAHGC, notamment dans le cadre de l’opérationnalisation d’une approche Nexus HDP dans les différents secteurs. Celle-ci ne passe actuellement pas le renforcement de la concertation entre les acteurs humanitaires, de développement et de paix et par l’élaboration de note et d’outils conjoints ainsi que par le renforcement des capacités des acteurs locaux, tels que les Collectivités territoriales. Le but étant d’assurer plus efficacement la réponse aux besoins immédiats et à moyen et long terme des populations dans le secteur SANAD et au-delà.
Je vous remercie de votre attention