Au Sénégal, une déclaration a été signée par quelque 80 organisations de la société civile et des personnalités dont des intellectuels, des responsables religieux et des syndicats ou des médias pour rendre hommage à George Floyd et dénoncer les violences racistes. Un rassemblement en petit comité s’est tenu le 9 juin en fin de journée à Dakar, la capitale.
Huit minutes et 46 secondes, le genou à terre face à l’océan Atlantique, à plus de 6 000 kilomètres des États-Unis. Dans un élégant boubou bleu et jaune, madame Diago Ndiaye espère que le message atteindra l’Amérique. « Nous sommes de tout cœur, d’abord avec la famille de George Floyd, a-t-elle déclaré. Mais nous dénonçons aussi le manque de droits dont les Noirs font l’objet aux États-Unis ».
Ils sont une cinquantaine, certains le bras levé, sur le site du mémorial de Gorée, lieu symbolique, rappelle Abdourahmane Sow. « Le Sénégal a été un camp de concentration d’esclaves, rappelle-t-il. Et à partir de Gorée, ils allaient aux Amériques. Cela doit nous motiver davantage pour qu’on puisse occuper notre place ».
Peu de monde était présent pour cet hommage à Dakar. Certains évoquent la situation de pandémie et l’interdiction des rassemblements. Beaucoup s’interrogent aussi sur le silence de la majorité des chefs d’État africains. « Nous sommes tout simplement choqués que nos élus qui étaient si prompts à dire « Je suis Charlie » soient aux abonnés absents », déclare Guy Marius Sagna.
Sous un parapluie pour se protéger du soleil, Alexis Tangana, lui, enlace sa fille de cinq mois installée dans un porte-bébé. C’est aussi pour elle qu’il est là. « Elle est issue du métissage et je pense que c’est important de lui inculquer déjà des valeurs de tolérance, d’humanisme en fait, d’humanité», explique-t-il. Une délégation doit apporter le message du collectif ce 10 juin à l’ambassade des États-Unis.