A Dioffior, l’agglomération est toujours attachée au terroir et aux valeurs de civilisation et qui, au plan historique, a été fondé selon les témoignages des anciens de la localité, au XIIIème siècle par Ndongo NIANE de la lignée des « Kare Kare ».
A l’époque, les populations étaient originaires du village sérère de Faoye à la recherche de terres cultivables pour pouvoir s’adonner aux activités agricoles. Et, c’est à la suite d’une redoutable épidémie de peste que le village fut refondé au XIXème siècle par Diombo Thiang et en 1925 toutes les concessions furent regroupées sur le site actuel pour constituer le village de Dioffior qui signifie entente et amitié comme nous l’avez expliqué le maire de la ville, Youssou Diome.
Dans cette foulée, l’historien Sobel Dione, nous rappelle aussi que « Ndongo NIANE faisait à l’époque partie des compagnons de Maysa Wali Dione, lorsque celui-ci a quitté le Gabou. Et, qui un jour lui lança: Maysa Wali puisque je t’ai suivi depuis le Gabou, je voudrais que tu me permettes d’aller chercher un endroit où je pourrai cultiver. Une demande dont le roi accepta sans problème mais tout en lui posant une condition de ne pas trop s’éloigner de lui ».
Ainsi, a rappelé Sobel Dione, « le fondateur passa un hivernage là où est créé Kobongoye mais les singes qui rodent régulièrement dans les parages gâtérent ses récoltes. C’est alors qu’il revint se plaindre auprès du roi qui lui recommanda alors de chercher un autre endroit ».
Et c’est ainsi, ajoute Sobel Dione, « que Ndongo NIANE finit par trouver l’endroit ideal qu’est l’emplacement actuel du village de Diofior qu’il définit devant le roi comme le site en rêve. A cette époque, les lamanes dirigeaient le Sine qui était commandé par le Maa Sinig ».
L’historien Sobel Dione d’ajouter que, « quelques années après la création, Ndongo repartit et le village devint un pethie. Il passa par Djilas avant de se rendre à Khaoul Godaguene dans le pays du Mbadane où il mourut. Et, à la suite de cet épisode, le nommé Diombo Thiang, de la même lignée maternelle Tim Kare Kare et petit-fils maternel de Ndongo Niane, est venu refonder le village après avoir quitté Faoye sous le règne de Mbake Maak Ndiaye à Diakhao ».
Ainsi, à la fondation nouvelle, Diombo aimait dire Jofoor, c’est-à-dire être d’accord. La province s’appelait Hireena et était commandée par un Cilaas appartenant à plusieurs familles paternelles et résidant à Djilass dixit, Sobel Dione. Et ses limites étaient: Joal à l’ouest, Palmarin au sud-ouest, Sakhor à l’est, Diouroup et Fayil au nord et il faut dire qu’autrefois les îles du Saloum faisaient aussi partie integrante du Hireena ».
Les chefs successifs, de la lignée des « Kare Kare », furent selon Sobel Dione, « Ndongo Niane, Diombo Thiang, Diombo Ndeb Thiang, frère de Diombo (2) de même père et de mère, Hamad Siga Thiang, frère de Diombo de mêmes père et mère; Faap Diogo Diome, entre autres sont tous de la même lignée Kare Kare ».
Mais, Sobel Dione d’ajouter, « qu’il n’existe à Diofior que des droits de häche patrilinéaires (pour les BASS, SARR, DIOME, DIAME, FAYE, SENGHOR, DIOUF, NDONG, DIANGAR, NDAYE, THIANG et LABOU) et matrilinéaires (Kare Kare, Wale Wale, Taboor, Coofaan, Yiil, Patik, Tik, Simala, Saasan, Mengeen, Bagadu, Peeyoor).
Dans son évolution historique, ce terroir de près d’une trentaine de mille habitants, a connu divers statuts. D’abord, selon le Maire Youssou Diome, « de chef-lieu de communauté rurale du même nom de 1973 à 1990, un décret de 1990 l’érige en commune de plein exercice relevant administrativement du département de Fatick et de la région du même nom avec la particularité d’être une agglomération dont l’attachement au terroir et aux valeurs de civilisations ainsi que l’ouverture à la modernité sont à l’origine de son développement fulgurant ».
L’accès à Dioffior est facile par la route départementale D612, à 36 km du village carrefour de Ndiosmone situé sur la route nationale N°1. La commune est distante de 78 km de Fatick, capitale départementale et de 150 km de Dakar. Une ville qui a connu un développement fulgurant lié à l’attachement des populations au terroir et aux valeurs de civilisation ainsi qu’à l’ouverture à la modernité.
Les limites de la commune ont été etendues ces dernières années. Les différents quartiers sont : Diofior, fondé par Diogoye DIANGAR de tim Coofaan, venu de Faoye, Sindianka, fondé par Ndongo Niane, de tim Kare Kare, fondateur du village; Ndiongfekh, fondé par Ngalo, de tim Peejoor, venu de Faoye, les DIAM, autrement dit THIAM, étaient des Farba ou Sagnites: ils furent aussi Serigne du Bour. Les FAYE étaient des toole.Thiene est un pec soose où il y a des podoom. Le lieu de culte de Diofior se nomme: Ndongo Niane, tombe du fondateur du village, où les Kare Kare font les offrandes avant de manger le mil, ou quand les pluies manquent en hivernage ».
C’est pour dire, qu’ici, le réseau de parenté inextricable des dioffiorois est une source d’émulation et de solidarité familiale et intergénérationnelle très porteuse d’égalitarisme économique et social », nous fait savoir le maire de Dioffior.
Une localité centenaire mais riche de ses potentialités
Aujourd’hui, le village de Dioffior aurait 100 ans et riche de beaucoup de potentialités pour son développement. Ce qui motive ses habitants réputés de grands cultivateurs. A travers l’agriculture pluviale constitue l’activité économique dominante qui occupe la quasi-totalité de la population active. « D’où le dynamisme des Dioffiorois à travers les principales cultures que sont le mil et de l’arachide. Il faut aussi noter que les terres où l’activité agricole est pratiquée sont pour l’essentiel situées dans les communes de Djilass principalement et de Fimela qui constituent l’hinterland communautaire », a indiqué Youssou Diome.
Quant à la riziculture, ajoute l’Edile de Dioffior, « elle est surtout réservée aux femmes qui sont en première dans cette activité pratiquée dans les bas-fonds et au niveau des vallées de Baboulaye à l’Est et de Ndiob Nokh à l’ouest mais fortement attaquées par la salinisation des terres. Des aménagements et des digues ont été ainsi édifiés pour récupérer une bonne partie de ces terres salées à travers l’Union pour le reboisement des tannes de Dioffior (URTD) en 1994, puis la Fédération Inter-villageoise des Organisations pour un Développement Durable (FIOD) qui signifie en sérère : faire soi-même ».
Youssou Diome, lui-même ayant été un des précurseurs de ces initiatives de récupération des terres salées de Dioffior, a fait savoir que, « ces entités ont mis en place les premières diguettes et les trois (3) digues de Baboulaye, Rho et Sagnanème avant que l’organisation paysanne Sakh Diam créée en 2011 par des jeunes et des femmes ne prenne le relais avec des partenaires au développement pour la réfection des digue de Baboulaye et de Niowy Senghor à l’est et des digues de la vallée de Mbissel à l’ouest, Ndob Nokh, Ndawando, entre autre. Il s’en est suivi en 2014 la construction de la digue Baboulaye 2, l’aménagement de la vallée sous l’encadrement des sociétés techniques et la réfection des digues. Ce qui nous avait valu la visite à Dioffior d’une délégation du Fonds africain de développement (FAD) ».
Le maire de noter également, « que le périmètre maraicher des femmes sur une superficie de 9 ha n’est pas encore rentabilisé. Aussi; l’élevage est également pratiqué à Dioffior. Quant à la pêche, elle connait un déclin avec la disparition des grands pêcheurs. Le secteur du tourisme, il est quasi absent, le commerce intérieur quand à lui, basé sur les denrées alimentaires au départ à connu une nouvelle dynamique avec de nouveaux produits tels: le cosmétique, l’outil informatique et autres produits nouveaux.
Des acquis dans les autres secteurs
Les autres secteurs ne sont pas en reste. Surtout au plan culturel, la commune de Dioffior regorge de beaucoup de talents. L’éducation et la formation aussi ont produit beaucoup de cadres depuis la première école qui a été créée en 1949. La ville compte actuellement plus de sept (7) écoles élémentaires, deux (2) collèges publics, un (1) collège privé franco arabe, et un (1) lycée en plus du centre de formation professionnelle.
Pour autant, l’alimentation en eau potable demeure très difficile malgré les investissements du réseau Notto-Ndiosmone- Palmarin. Au plan sanitaire, Dioffior compte un district sanitaire qui regroupe les cinq (5) communes de l’arrondissement : Loul Sessène, Djilass, Diofior, Fimela Palmarin pour une population totale de 100 000 habitants », souligne le maire de Dioffior Youssou Diome qui note cependant la réhabilitation par l’Etat qui est en cours des locaux qui étaient tres vétustes. Et, il faut ajouter sur le plan des réalisations le groupe électrogène de 150kva d’une valeur de 16 millions offert par le président du conseil départemental de Fatick, Dr Cheikh Kanté».
C’est tout cela capitalisé qui devrait faire l’objet d’une présentation sur l’évolution de la commune de Dioffior lors des activités commémoratives de son centenaire du 1er au 5 mai 2025 prochain. Le comité scientifique est déjà à pied d’œuvre pour la réussite du centenaire.
Coopération avec Panazol au beau fixe
Au plan de la coopération décentralisée, Dioffior a noué un partenariat avec la Ville de Panazol (France) Des rencontres se tiennent de manière périodique entre délégations. Une coopération fructueuse qui a vu le jour depuis 2010 entre les deux parties. Et que ne cesse de magnifier le maire de Dioffior, Youssou Diome. En ce sens qu’elle est la bienvenue avec l’Acte III de la décentralisation pour contribuer au développement et de donner de ressources additionnelles aux communes, notamment celle de Diofior.
Un partenariat qui ne cesse de s’agrandir en termes de richesses, de culture, de développement et surtout en échange d’expériences entre les deux communes.
Par Mohamadou Sagne