Après avoir sensibilisé les communautés de pêcheurs, journalistes et membres de la société civile sur les menaces et défis liés au changement climatique et à l’exploitation du pétrole et du gaz, les Citoyens actifs pour la justice sociale (Cajust) ont organisé une conférence publique sur la transition énergétique. Cette conférence, intitulée «Quelle approche de transition énergétique pour le Sénégal dans un contexte d’exploitation de pétrole et de gaz», s’est tenue ce mercredi 31 juillet à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis- (Avec En Relief).
Marieme Soda Mbacké, directrice exécutive de Cajust, précise que cette activité s’inscrit dans le cadre du lancement de la campagne de Cajust intitulée « Plus tard, ça sera trop tard». «L’objectif de cette campagne est de rappeler à l’État du Sénégal ses engagements internationaux et régionaux en matière de lutte contre les changements climatiques », a-t-elle souligné.
Revenant sur le choix des universitaires, la directrice exécutive de Cajust rappelle que l’organisation adopte une approche inclusive. « Nous travaillons principalement avec les communautés et notre objectif est d’écouter les voix des victimes du changement climatique et de l’exploitation du pétrole et du gaz », a expliqué Marieme Soda Mbacké, ajoutant que les universités possèdent une expertise sur ces problématiques. Selon elle, cela permettra aux étudiants de mieux comprendre les enjeux et opportunités de la transition énergétique.
La directrice exécutive de Cajust insiste sur le fait que le Sénégal se trouve dans un contexte d’exploitation du pétrole et du gaz, ce qui pourrait impacter toutes les initiatives prises pour lutter contre les effets du changement climatique, ce qu’elle considère comme un paradoxe.
Présent à la cérémonie, le Docteur Mouhamadou Boye, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, a félicité Cajust pour avoir eu la très bonne idée de venir à l’université pour organiser la conférence. « À l’université, on rencontre deux publics : les enseignants-chercheurs et les étudiants. Les premiers peuvent apporter de la réflexion, et les étudiants constituent un pont entre l’université et la société », a souligné le Dr Boye, estimant que Cajust, en venant à l’université, a atteint deux objectifs.
Concernant les menaces et défis du changement climatique et de l’exploitation du pétrole et du gaz, l’enseignant-chercheur estime que le Sénégal ne doit pas se laisser dicter un agenda et des objectifs. «Le Sénégal doit adopter une stratégie délocalisée, en partant de nos réalités locales pour fixer des objectifs à l’échelle globale, et non pas laisser le monde nous dicter quoi faire», relève-il.
Selon lui, ce que le Sénégal doit faire en matière de transition énergétique, c’est de concilier deux activités apparemment inconciliables. « La transition énergétique implique de sortir des ressources fossiles, alors que l’exploitation des hydrocarbures consiste à les utiliser. Cependant, nous voulons concilier les deux, car nous avons des objectifs économiques et sociaux à atteindre grâce à l’exploitation des hydrocarbures. En même temps, nous ne pouvons pas nous isoler du reste du monde en ignorant la transition énergétique », a-t-il expliqué.
«En réalité, CAJUST a posé la problématique centrale que l’État du Sénégal tente de résoudre, à savoir comment concilier deux activités apparemment contradictoires tout en tenant compte des enjeux sociétaux», a conclu l’enseignant-chercheur.