Comme tout sénégalais d’aujourd’hui, il est lambda, inconnu de ses gouvernants, chiffre statistique de PIB, démographique et parfois même simple numéro d’Identité Nationale – Il a une carte l’attestant, même si elle ne lui donne pas le droit de vote, cité dans tous les discours, politiques, de Société Civile, souvent chiffre de maladies, d’endémies, d’épidémies. Tout le monde garde en mémoire la sinistre et lugubre litanie de la situation de la COVID au Sénégal.
Le citoyen lambda est face à la crise la plus grave de l’Histoire.
C’est ignorer les crises historiques (1929, Surprimes de 2007 et effondrement du système bancaire international, révolutions diverses allant de 1789 à l’Iran, dernière des grandes révolutions de l’Histoire, en passant par Octobre rouge…).
C’est clair, mais Lambda sénégalais est beaucoup trop jeune pour s’y référer. A tort ou raison son univers en crise se résume à plus simple, plus basique.
Les urgences du quotidien. Agressions, violence et morts, en mer – ce n’est même plus un fait qui interpelle – la Mort n’est plus un enjeu face à la crise multiforme (Economique, environnementale, envers les femmes, les enfants, et même pour manger et dormir…)
Cette violence a des manifestations symptomatiques évidentes et émouvantes :
La jeunesse qui meurt en mer, faute de perspectives, les inondations, la multiplication des agressions, partout dans le pays, particulièrement à Dakar du fait de sa démographie, et de tous les grands centres urbains; Mais aussi en périphérie et jusque dans les zones rurales les plus reculées. Kédougou et ses orpailleurs, Kolda et le marabout qui coupe la jambe de son fils qui voulait émigrer, l’extrême Fouta, la verte Casamance…
Le phénomène s’accentue. En témoignent ces dernières semaines et la série d’agressions violentes qui ont bouleversé les quartiers, laissant tout le monde dans un état de désespoir et d’anxiété qui se traduit plus en profondeur.
Certes, le tumulte électoral aura eu un effet important sur les statistiques.
Il n’en demeure pas moins que les autorités sont directement appelées à répondre de manière appropriée aux enjeux posés.
Quelle approche ? Les forces de l’ordre ? Au moment où les nouvelles autorités cherchent à réconcilier les “femmes et hommes de tenue” avec la population, et à refermer les blessures causées par les élections, le sujet est délicat.
Comment renforcer leur efficacité dans les zones les plus touchées ? Déployer des effectifs en plus grand nombre ? C’est recruter plus de fonctionnaires. Constituer des unités spécialisées ? Rendre plus visible les FDS… Tous ces dispositifs existent déjà, sans compter l’expertise et la compétence efficace du Renseignement au Sénégal.
Nous avons de très brillants professionnels civils et militaires qui ont en charge et à cœur la prévention de la violence.
Au demeurant, il convient de rappeler que la guerre contre le terrorisme est à nos portes.
La tentation est grande de répondre par du tout sécuritaire. Plus de policiers dans les quartiers, plus de gendarmes sur les routes, plus de militaires à nos frontières, plus de…
Mais en réalité le remède ne peut être que politique. Une implication des autorités issues de la Décentralisation: Municipalités, Conseil Régionaux, Communautés rurales, doivent probablement être plus intégrés dans le système de défense, en étant protégés et encouragés par un arsenal législatif adéquat. Sans compter la collaboration des citoyens, rendus plus réservés en raison notamment de la triste crise casamançaise. Ou des récents évènements au Mali qui invitent à plus de réserve pour compter sur les populations locales en matière de renseignement sur toute activité suspecte.
Des réunions communautaires sont une autre piste. La tradition villageoise et la structure ancestrale des prises décisions pourraient contribuer à discuter des mesures de sécurité et recueillir les préoccupations des populations.
Sans compter les personnels de santé, les religieux, ainsi qu’une plus grande assistance aux victimes, gros maillon faible.
Nous sommes dans une situation politiquement critique.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, est perçu déjà comme apportant peu d’efforts par rapport à l’économie du pays. C’est la rumeur et la rue qui grondent. Aucune étude ni sondage ne peuvent étayer cette assertion si ce n’est que sénégalais comme tous, nous entendons le sourd grondement de l’orage.
* l’érosion du pouvoir d’achat,
* les inondations et leur dégâts récurrents depuis des années,
* le difficile accès au logement et au foncier,
* la détresse de l’Education Nationale
Sans doute le peuple espérait plus du nouveau pouvoir qu’il ne peut en donner dans un court intervalle de six mois. Sans nul doute les promesses électorales sont désormais confrontées à la réalité des faits.
Comme le disais le Président Abdou Diouf s’adressant maladroitement à une jeunesse qu’il avait sous-estimée, allant jusqu’à la qualifier de “malsaine”, la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a !
A l’évidence, comme tout président, au Sénégal comme ailleurs, le nôtre se doit de faire des visites de courtoisies”. Religieux, victimes de drames, dépossédés de leur terre, comme à Thiès, Mbour, sommets internationaux divers, homologues voisins, et même France du CFA. Ce sont là les figures imposées.
Peut-être la visite d’enfants au Palais dénote-elle d’une volonté de montrer la désormais transparence du pouvoir vis à vis du peuple. Mais pour son premier mandat, inscription définitive de l’alternance dans l’histoire politique du Sénégal, c’est un faible programme. Nous attendions qu’une DPG soit simple pour un PASTEF qui ne cesse de nous parler du Programme.
Et voici un Premier Ministre (Président ?) rechigne à nous le présenter, à nos élus. Son patron, le Président – seul élu – va même jusqu’à dissoudre la chambre basse. Du coup, la République est dans l’embarras, tandis que la rue publique attend !
Quel dommage pour l’Histoire ! la plénitude de la fonction présidentielle pour la première fois en légitimité impossible à remettre en cause, l’assurance du soutien indéfectible du peuple sénégalais, et notre avenir confié à un président qui ne préside pas. C’est du moins l’impression qu’il donne.
Du fait que nous n’avons pas élu un tandem, cette sorte de bicyclette avec deux pédaleurs, la crise d’autorité interroge.
Il n’y a qu’un seul Président de la République du Sénégal. Un seul chef ! Chez nous les Sérère, un proverbe dit «un Sérère a toujours sa parole. S’il la perd, il perd son autorité et n’a plus droit à la parole ».
Un vieil ami disait toujours “Ma parole vaut plus que ma signature”. Il prenait comme exemple le chèque impayé. Aujourd’hui, Votre Excellence M. le Président de la République, nous sommes perplexes : Qui détient la parole ? Et la signature ? Qui est en définitive responsable de la mise en œuvre du programme PASTEF ? Qui sera coupable d’avoir échoué ? Responsable ? Maître d’œuvre que nous souhaitons tous, nous autres, le peuple maître de l’ouvrage ?
Nous pouvons naître du même ventre que nous ne serons pas enterrés ensemble pour autant. Ni en date, ni en lieu.
Plusieurs questions se posent :
Le régime de Macky Sall était dénoncé par vous comme la voie de la catastrophe? Au mois de juin la visite du FMI en juin, puis en septembre confirme l’état moribond des finances que vous a laissé votre prédécesseur. Comment allez-vous faire, avec notamment les nouvelles ressources que la providence nous donne : Pétrole, gaz, or, autres minerais précieux pour nous faire préférer le Sénégal à l’aventure périlleuse de la mer ?
Créer ou renforcer des unités spécialisées dans la gestion des violences urbaines et la prévention des crimes violents. Utiliser des technologies de surveillance, comme les caméras de sécurité dans les rues. Mettre en place des politiques visant à réduire les inégalités économiques, car la pauvreté est souvent un facteur contributif à la criminalité.
Comment allez-vous fournir de l’emploi pour les jeunes une alternative à la violence ? Améliorer l’accès aux services de santé ? Assurer l’égalité de tous devant la loi ? En particulier dans les crimes de violence et les agressions ? Pour qu’un Ablaye impliqué dans du trafic de stupéfiants soit traité de la même manière que Mademba qui trafiquait dans son quartier ? Qu’un voleur de terrain soit jugé comme l’agresseur d’un point de cash money de banlieue, … ?
Comment allez-vous améliorer la coopération entre les différentes composantes du système judiciaire et les autres contributeurs à l’amélioration de notre cadre de vie et de notre sécurité, Société civile, ONG, système de santé ?
Comment allez-vous déployer une approche intégrée et une collaboration continue entre les forces de l’ordre, les autorités locales, les organisations communautaires et les citoyens ?
Chaque aspect, et c’est notre conviction, qu’il soit préventif, réactif ou réformateur, contribue à bâtir une communauté bâtir une communauté plus sûre et plus résiliente.
Cécile Yeng@ Diouf- titoualice@gmail.com