Le coronavirus plus connu sous le nom de COVID- 19, est un nouveau mot qui entre dans le vocabulaire pas seulement des scientifiques mais du peuple aussi. Sa popularité rend en même temps familier des mots et engendre d’autres maux. Voilà la triste réalité à laquelle notre humanité est aujourd’hui en train de subir avec force et fracas. Nous voilà à la croisée des chemins entre le désespoir né du décompte quotidien, hebdomadaire et mensuel des morts et des contaminés et l’espoir que chaque seconde, chaque heure, un message miraculeux tombera pour annoncer la découverte du remède pour sauver l’homme. Ainsi, le COVID 19 nous rappelle si besoin en est encore afin que nul n’ignore et immédiatement notre condition que nous semblons dès fois oublier parce que pris dans la machine de la société de consommation, dans l’élan de la production, la course de vitesse de la recherche du gain, du marathon de l’avoir ; au point d’en oublier l’Etre et la valeur de l’humain. Cette pandémie qui aura surpris les scientifiques les plus prévisionnistes nous donne à penser ou à repenser la question suivante: Qu’est-ce que l’homme ?
Un être fable et faillible, du moins le plus faible de l’univers comme le pensais déjà Pascal. Car comment comprendre qu’un micro- organisme ait pu subitement transformer, arrêter, le cours de notre existence ? Comment de façon spontanée nous assistons impuissant à un bouleversement de nos habitudes et de l’ordre mondial.
Désormais, on réfléchit avec ces mots et notre langage est construit autour des expressions que sont : état d’urgence sanitaire, confinement, distanciation sociale, et j’en passe….
Ces mots sont devenus le lot des maux de l’humanité qui n’est pas dans un film de fiction mais dans un réel dont le maître mot est : nous sommes en guerre contre un ennemi invisible et insaisissable.
Il y a quelques mois c’était une guerre ouverte ou voilée entre les dirigeants du monde qui veulent chacun affirmer et afficher sa puissance, sa supériorité économique, militaire et nucléaire. Mais voilà que face à cette « Volonté de puissance », pour parler comme Nietzsche, surgit et se dresse in cognito un invité surprise, inconnu, obscur, sournois, et qui parfois dans un silence incompréhensible viens hanter le sommeil de l’homme et on en vient à lui faire oublier la lutte contre le terrorisme, le changement climatique, la lutte contre la migration illégale et sauvage de milliers de désespérés à travers le monde.
Jadis, l’Europe et l’Amérique, ainsi que toutes les puissances ont voulu confiner les états pauvres, les états anti-impérialistes, Hélas! Hélas ! Hélas ! Encore ils ignoraient que dans l’infiniment grand et l’infiniment puissant, il y a un infiniment petit qui va s’incarner en un virus COVID 19 pour envahir et confiner la planète terre.
Il n’y a plus d’échanges aussi bien inter- étatiques, intra- étatique et plus grave, on ne peut plus rendre visite à son voisin immédiat, celui avec qui on partage la même clôture. Le cloisonnement est total au point où l’on remet en cause nos gestes quotidiens comme faire la prière ensemble dans nos mosquées, nos synagogues, nos églises. Nous ne pouvons plus dans nos cérémonies nous embrasser, nous enlacer dans nos cérémonies car le rapprochement est interdit par le virus. Par moment nous effleure à l’esprit ou bien on se surprend dans nos pensées à se demander comment allons organiser la mise en terre de nos morts si nous devons respecter la distanciation sociale. On en arrive à perdre cette chaleur humaine qui en certaines circonstances contribue à la catharsis suite à une déchirure, une douleur profonde.
Ne devient-il pas caduc de vouloir construire un mur ou mettre une barrière pour isoler les autres puisque se dresse un mur invisible. Les maux que nous vivons aujourd’hui et à chaque Instant ont fait naître immédiatement une solidarité nationale et internationale. Chacun, État ou individu s’oublie un moment comme par extraordinaire pour accorder à son alter ego une attention. Car l’instinct de survie l’emporte sur la volonté de domination. Ne sommes-nous pas en train de voir naître un État nouveau, un nouveau territoire qui s’appelle ETAT DE SOLIDARITÉ qui symbolise et manifeste ce que nous avons en commun riches, pauvres, puissants et impuissants, gouvernés et gouvernants; c’est le désir de sauver l’humanité du péril- convidien.
J’ose espérer que contrairement aux penseurs de la théorie du complot qui considèrent qu’il y a derrière ce Covid- 19 la main cachée mais malveillante de l’homme. Mon optimisme philosophique m’amène à autrement que les théoriciens du complot, et ainsi envisager que de cette crise sanitaire verra le jour une nouvelle humanité ou renouvellement du sens de l’existence. Lequel va réconcilier l’ETRE ET L’AVOIR dans un équilibre qui fera de la planète terre un havre de paix et de sécurité où toute compétition étant va s’inscrire dans les limites de ce que la morale sociale et religieuse permettront.
En attendant conformons nous aux directives sanitaires jugées salutaires et faisons attention aux Fakes News en faisant confiance et en écoutant les voix autorisées.
Par Souleymane Kane, Professeur de philosophie au lycée de Saly