Le jeudi 27 février 2025 marquera un tournant décisif pour l’avenir du Sénégal. Sous l’impulsion du Président de la République et avec la détermination du Premier ministre, le Gouvernement convie les partenaires sociaux à une rencontre historique. Mais qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas d’un simple dialogue. C’est un serment national, un pacte de responsabilité collective pour sauver l’économie et refonder la Nation sur des bases justes et solides.
Le temps des solutions de court terme et des demi-mesures est révolu. L’État, les syndicats, le secteur privé, la société civile et chaque citoyen doivent comprendre que le redressement économique n’est pas une option, mais une nécessité absolue. Trop longtemps, nous avons affronté les défis financiers avec des stratégies dispersées, des interventions timides et des compromis qui n’ont fait que repousser l’inévitable. Désormais, il est temps d’affronter la réalité avec lucidité, courage et détermination.
Le Sénégal a besoin d’un nouveau contrat social et économique, fondé sur trois piliers essentiels : la transparence, la responsabilité et l’engagement collectif. La prospérité ne se décrète pas, elle se construit avec méthode, rigueur et discipline. Il est impératif d’adopter une gestion publique exemplaire, de renforcer la gouvernance budgétaire et de créer un climat favorable à l’investissement et à la croissance inclusive.
Les réformes qui s’imposent ne seront pas faciles. Elles exigeront des sacrifices, de la rigueur et un sens aigu du bien commun. Mais ces sacrifices ne doivent pas être aveugles ni injustes. Il ne s’agit pas d’imposer l’austérité aux plus vulnérables pendant que d’autres continuent de bénéficier d’avantages indus. L’État devra montrer l’exemple en réduisant son train de vie, en rationalisant les dépenses publiques et en mettant fin aux pratiques budgétaires irresponsables qui ont trop longtemps affaibli notre économie.
L’histoire récente de l’Afrique montre que les pays qui ont su négocier avec intelligence leur sortie de crise ont misé sur un dialogue social sincère et inclusif. Le Ghana, dans les années 1980, a su stabiliser son économie en associant gouvernement, syndicats et secteur privé à un vaste programme de réformes. Le Maroc, confronté aux défis des années 1990, a instauré un dialogue tripartite qui a permis de garantir à la fois la compétitivité économique et la protection des travailleurs. Ces exemples sont là pour nous rappeler que le dialogue social n’est pas une formalité, mais un levier puissant de transformation économique.
Mais il y a une vérité qui doit être dite, sans détour ni complaisance : l’assainissement des finances publiques passe aussi par la récupération des deniers volés. Il est inconcevable de demander des efforts au peuple sénégalais tout en fermant les yeux sur les détournements massifs qui ont vidé les caisses de l’État. L’argent du peuple doit revenir au peuple. Ces fonds spoliés, détournés ou mal gérés pourraient être réinjectés dans l’économie, utilisés pour atténuer le coût de la vie et financer des mesures d’urgence en faveur des plus démunis. L’État doit s’engager sans relâche dans la traque des avoirs illicites, en usant de tous les moyens juridiques et diplomatiques pour récupérer ces ressources.
Ce n’est qu’à ce prix que le contrat social que nous voulons bâtir pourra être crédible et accepté par tous. Aucun Sénégalais ne peut être convaincu de la nécessité de faire des efforts si l’État ne fait pas, en premier, preuve d’exemplarité dans la gestion des ressources publiques.
Enfin, il est essentiel que la croissance de demain soit partagée. Les sacrifices d’aujourd’hui ne doivent pas être vains. Lorsque les conditions économiques redeviendront favorables, la prospérité devra être redistribuée équitablement. Les Sénégalais doivent sentir que leurs efforts ont porté leurs fruits, que les richesses du pays bénéficient à tous et non à une minorité. Une politique économique qui ne repose pas sur la justice sociale est une bombe à retardement.
Le Sénégal est à un tournant historique. Ce 27 février 2025 ne doit pas être un rendez-vous manqué. Nous devons saisir cette opportunité pour refonder notre économie, restaurer la confiance et bâtir un avenir où l’effort collectif se transforme en progrès partagé. L’État doit être à la hauteur des attentes. Les partenaires sociaux doivent être à la hauteur du défi. Les citoyens doivent être à la hauteur de l’engagement national.
Le redressement du pays n’est pas une option, c’est une obligation morale et politique. Il appartient à chacun d’écrire cette nouvelle page de notre histoire nationale. Un Sénégal plus juste, plus prospère et plus fort est possible. Mais il ne naîtra que d’un sursaut collectif, d’une volonté inébranlable de mettre l’intérêt général au-dessus des calculs personnels.
Le 27 février 2025, une déclaration forte doit être faite : celle d’un Sénégal qui choisit la responsabilité, l’unité et le progrès. Ce jour-là, une nouvelle trajectoire sera tracée, et l’histoire retiendra que le pays a su se tenir debout face à l’adversité pour bâtir un futur à la hauteur de ses ambitions.
Hady TRAORE
Consultant- Gestion Stratégique et Politique Publique- Canada