L’alternance des cultures de l’arachide du mil et du mais a de tout le temps constitué le seul moyen de subsistance de nos parents issus du monde rural.
Ces méthodes de travail et de rentes ont fini depuis très longtemps de montrer leur limite ; suivies en cela par une routine étatique qui consiste à accompagner ces mêmes paysans de distributions de semences et d’engrais, prétexte d’une ouverture récurrente annuelle de campagne agricole; corollaire d’ une pauvreté endémique.
La création des domaines agricoles communautaires (Dac) par une politique de modernisation de l’agriculture et de résorption du chômage des jeunes a suscité un réel espoir et un engouement à l ‘échelle nationale et même internationale car beaucoup de pays de la sous-région se sont précipités pour s’inspirer du modèle sénégalais.
Pour dire vrai, les suspicions de détournement et de malversations de plusieurs milliards font qu’aujourd’hui il est inconcevable de redorer le blason d’un programme aussi terni.
Il s’y ajoute les sommes d’argent consentis sont de loin comparables au financement du domaine agricole territorial intégré (DATI) que je compte partager avec vous.
Contrairement au DAC la fonction integratrice du DATI apporte un cachet particulier par la préservation de l’environnement et la régénération des forêts par le reboisement.
Ainsi plusieurs forêts seront implantées sur l’ensemble du territoire national. Il est attendu un appui considérable des services des Eaux et Forêts
Cette appellation a d’abord un sens épistémologique, naturel et coutumier.
Épistémologique, car entrant en droite ligne avec une pratique agricole millénaire de sénégalais de père en fils in situ.
Naturel parce que les acteurs n’ont presque pas besoin de formation ou de recrutement laissant apparaître des doutes çà et là.
Coutumier par le seul fait qu’il s’agira d’un domaine regroupant des champs d’un ensemble de propriétaires terriens liés par le sang, les us et coutumes et même parfois par une complicité active et séculaire.
La vision du chef de l’état en soit est pertinente, révolutionnaire et mérite d’être saluée à sa juste valeur.
Les sénégalais par contre peinent à accepter la destination des milliards injectés dans ces programmes.
Les problèmes de l’agriculture au Sénégal se résument en grande partie à une non maîtrise de l’accès à l’eau des paysans.
Il suffira juste de doter ces villageois de forages dignes de ce nom capables d ‘ irriguer toutes ces terres.
Dans un post récent j’ai proposé la création du cadastre rural pour donner la possibilité aux paysans d ‘avoir des titres nantissables et s’endetter auprès des banques pour accroître leur rendement.
Avec la création des DATI ce sera un regroupement de villages avec des titres comme garantie et il appartiendra à l’autorité de mettre en œuvre un système de management agricole basé sur le volontariat.
Au total il est prévu l’installation et la mise en marche de 100 DATI soit une moyenne de 2 DATI par département pour un cout global de 200 milliards.
L’objectif global recherché est d’abord la création de plus-value au niveau des terroirs, des unités de transformation des produits issus des différentes opérations agricoles et la résorption du chômage endémique des jeunes ruraux.
Il s’y ajoute la capacité de transformation du tissu rural en tissu urbain par la mise sur pied de programmes d’habitat social et inciter par la même occasion les promoteurs privés immobiliers à descendre au niveau des terroirs et faire bénéficier à ces derniers d’avoir un logement décent.
Une fois qu’on aura réussi à faire adhérer tout ce monde à l’idéal d’une nécessité de retour à la terre et d’une parfaite compréhension des limites objectives d’un développement de nos villes déjà saturées et sans perspectives et que la seule alternative crédible reste demeure la terre, que nous aurons fini à coup sûr de faire décoller notre cher sénégal.
Abdou Karim Sakho
Expert Urbaniste
MBA en Management Stratégique