Par Mariyama Touré
Le Groupement des armateurs et industriels de la Pêche au Sénégal (Gaipes) et le Forum Civil ont organisé un atelier d’échanges avec la presse sur les enjeux de la publication de la liste des navires de pêche autorisés à opérer dans les eaux sous juridiction sénégalaise ce jeudi 30 mai 2024 à Dakar.
« À la lecture de la liste, nous avons noté qu’il y avait une centaine d’immatriculations, de nouvelles immatriculations depuis 2018 sur une pêcherie qui est la pêche des Mersal Profondes où en 2019 il n’y avait que deux chalutiers sénégalais. Aujourd’hui il y a une quarantaine de licences attribuées sur cette pêcherie et nous avons aussi noté à la lecture de cette liste qu’il y a près de 49 bateaux immatriculés qui n’ont pas eu de licence » poursuit la dame. «Avec les journalistes, nous avons essayé de décortiquer cette liste et de poser des questions, de faire des constats. Donc c’est un pas vers la transparence, mais nous souhaitons qu’il y ait des jalons qui soient posés pour qu’on ait encore plus de transparence dans ce secteur et que toutes les leçons soient tirées » avance-t-elle. D’après Mme Niang Ndiaye toujours, leur souhait principalement est que les bateaux qui sont autorisés à pêcher au Sénégal, le fassent dans le cadre de la loi. Et que tous les bateaux qui ne respectent pas les conditions, ne soient plus autorisés à pêcher. « Nous ne demandons ni plus ni moins qu’une application de la loi en toute transparence et nous attendons encore que d’autres pas soient posés afin que la gestion de la pêche ne fasse plus l’objet de doutes et que la pêche ne soit plus une mamelle de corruption supposée à chaque fois qu’il y a une année électorale au Sénégal » termine-telle.
Concernant le carton jaune reçu par l’Union Européenne, monsieur Adama Lam vice-président du GAIPES, c’est un avertissement qui vient accorder du crédit à leurs soupçons. « Le carton jaune de l’Union européenne, nous en avons été informés, et nous pensons que c’est un signal qui vient corroborer les doutes qu’avaient beaucoup d’acteurs sur ces nouvelles immatriculations des bateaux qui avaient un passé de pêche et qui débarquent sur nos côtes. Donc je pense que c’est une question qui est posée et que nous avons deux mois pour réfléchir et pour apporter des réponses à l’Union européenne tout en sachant qu’on va aussi vers des discussions sur la fin de l’accord et peut-être des discussions sur de nouveaux accords. Nous voulons juste que ce carton jaune-là puisse apporter des réponses. Donc c’est dire que le risque d’exclusion qui nous prend au nez avec ce carton jaune, il faut le comprendre aussi simplement comme un avertissement pour dire qu’il est possible que l’Etat, le gouvernement, négocie ou qu’on corrige cette situation-là pour éviter que ça dégénère sur d’autres actions beaucoup plus importantes » dit-il. Selon lui toujours, cette situation ne s’arrangera pas tant qu’on n’aura pas réglé la question de l’octroi des licences de pêche. «Je dirais que tout pays qui donne une licence, selon l’organisation FAO, doit disposer d’abord d’un stock de surplus de poissons qui puisse justifier qu’on donne des licences. Mais on remarque qu’il y a une délivrance de licence non justifiée c’est à dire que beaucoup de bateaux ont des licences illégales en étant pas sénégalais car légalement pour avoir une licence le bateau doit appartenir à 51% à un sénégalais. Si on regarde bien la liste on voit des noms assez peu fréquents pour des bateaux sénégalais», affirme-t-il.
Selon les membres du Gaipes, la conséquence résultante de cette situation est l’immigration clandestine qui a causé la mort de centaines de jeunes. « Il y a l’immigration clandestine je crois que c’est là où il faudrait que l’on comprenne que la majorité des jeunes qui sont morts dans la mer, le sont parce que des Sénégalais véreux ont voulu simplement s’enrichir illégalement et fermer les yeux sur ce désastre social que vit le pays depuis 2018-2019. Et je pense qu’on ne doit pas s’arrêter simplement à dénoncer le phénomène, là on passe à autre chose. Il faut que l’on trouve les moyens d’attacher la responsabilité de ceux qui ont fait en sorte que ces enfants meurent parce qu’ils sont désespérés de ne pas pouvoir vivre de leur métier», ont-ils souligné.