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Le volcanisme solaire, une menace à notre climat et à nos systèmes électriques et de télécommunication ? (Par Dr Aliou Gori Diouf)

Le «volcanisme solaire», un phénomène naturel.

Le vendredi 10 mai 2024, des jets de lumières spectaculaires provenant du soleil se sont produits et particulièrement visibles dans la zone polaire nord. Ce phénomène exotique est plus connu sous le nom de « aurore boréale ». Ces éclats extraordinaires de lumières se produisent en période forte activité solaire. Le soleil connait en effet des phases de hausse et de baisse d’activité. En période de forte activité solaire, le soleil produit des taches et des éruptions solaires, tandis qu’en période de baisse d’activité la surface du soleil enregistre beaucoup moins de taches et d’éruptions. Ce sont les cycles solaires qui se produisent alternativement à des intervalles d’environ 11 ans. Les taches solaires sont des zones sombres sur la surface du Soleil qui sont causées par des concentrations de champ magnétique intense. Les éruptions solaires sont des libérations soudaines d’énergie provenant de la surface du Soleil, souvent associées à des explosions de gaz et de particules chargées.

Volcanisme solaire et climat, une relation controversée.

Certains scientifiques tels que Willie Soon, Henrik Svensmark et Nir Shaviv ont développé des théories soutenant un lien entre l’activité solaire et la hausse des températures terrestres au cours de l’histoire. Pour eux les particules solaires émises par le soleil peuvent entrainer la hausse des températures ou la formation de nuage. Les cycles solaires peuvent exercer une influence sur le climat, même si elle est faible par rapport aux émissions humaines et à d’autres changements naturels sur Terre, comme El Niño. C’est dans ce sillage que le mythe selon lequel le soleil sauvera la Terre du réchauffement climatique a été popularisé surtout chez les négationnistes du climat. Selon eux, il y a eu une période dans l’histoire où le Soleil n’a pas produit beaucoup de taches, appelée « le minimum de Maunder » (1645 à 1715), qui s’est produite pendant une période où les températures ont chuté en Europe, à tel point que cette période est surnommé « petit âge glaciaire ».

Toutefois, il faut souligner que jusque-là aucune relation de cause à effet n’a été établie entre la faible intensité solaire et les faibles températures enregistrées, malgré la concordance temporelle, qui n’a pas été parfaite d’ailleurs. Le minimum de Maunder ou «petit âge glaciaire» a commencé avant le cycle de baisse d’intensité du soleil et l’a survécu.

Le réchauffement climatique actuel a pourtant démarré dans une phase de faible intensité solaire.

Le réchauffement planétaire actuel a commencé alors que le soleil était en phase de faible activité. Au cours des dernières décennies et ce jusqu’en 2022, le monde a connu un minimum solaire en ce qui concerne les taches solaires, alors que les températures mondiales ont atteint des niveaux record. En revanche depuis 2023, le Soleil semble etre dans une phase d’activité plus forte que celle des deux derniers cycles au moins. Il y a eu une coïncidence avec la hausse des températures dans la mesure où 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Les premiers mois de 2024 ont été encore plus chauds.

A l’état des connaissances scientifiques, aucune preuve n’appuie un lien de cause à effet entre les éruptions solaires et le climat, malgré la concordance de temps dans la survenue des deux types d’évènements.

Le volcanisme, une menace pour nos systèmes électriques et de télécommunication ?

S’il est encore à prouver que les cycles solaires influencent le climat, l’hypothèse de la perturbation des réseaux de communication et d’électricité par les flux de particules chargées résultant des éruptions solaires et qui interagissent avec le champ magnétique terrestre est quant à elle particulièrement intéressante. En effet en 1989, ces évènements solaires avaient entrainé aux USA l’embrasement des bureaux des télégraphes en raison du surplus d’électricité circulant dans les fils. La gestion des risques solaires dans le secteur de l’énergie et dans celui des télécommunications s’impose donc, d’autant plus que les estimations établissent entre 1000 et 2000 milliards de dollars de pertes et de quatre à dix ans pour se rétablir si l’évènement de 1859 se produisait. Des recherches sur le potentiel d’impact du volcanisme solaire sur les systèmes électriques et de télécommunication des pays africains seraient donc utiles.

Par Dr Aliou Gori Diouf, Géographe

Spécialiste en recherche, planification, financement et gestion de projets climatiques

aliou.diouf@gmail.com

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