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Entretien exclusif avec Djidiack Faye Leader du MRC: «Le Premier ministre montre une rage de travailler tout de suite et maintenant»

Il a fait les beaux jours du Parti Démocratique Sénégalais des années 80-2000, notamment dans l’UJTL où il a été un des fers de lance. Il s’agit de Djidiack Faye, ancien Secrétaire Général de la section PDS de Ndiob dans le département de Fatick.

Président du Mouvement pour la Révolution Citoyenne (MRC) et Directeur de l’Agence Régionale de Développement (ARD) de Fatick, Djidiack avait rejoint la Coalition «Diomaye Présiden» depuis novembre 2023. Lors de la présidentielle du 24 mars 2024, il a été un des principaux artisans de la remarquable percée de la «Coalition Diomaye Président» dans la région de Fatick. La rédaction du quotidien En Relief l’a rencontré à son siège à Fatick, pour discuter avec lui, des sujets brûlants de l’actualité au Sénégal.

(avec En Relief)

Entretien…

Bonjour Directeur. Pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Djidiack FAYE, Spécialiste en Développement territorial, Gouvernance locale et Décentralisation, Agriculture / Développement rural ; Changement climatique et résilience des écosystèmes, Directeur de l’Agence régionale de Développement de Fatick;

Comment êtes-vous entré en politique ? Parler nous un peu de votre parcours politique 

Je suis entré en politique par l’esprit ‘‘Sopiste’’ de la majorité de la jeunesse sénégalaises de la fin des années 2000, Me Abdoulaye Wade portait vaillamment le projet du changement qui mobilisait la jeunesse d’alors.  Nous avons travaillé avec engagement pour le changement de régime en 2000, après j’ai milité à l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (UJTL) où j’ai occupé de hautes fonctions au niveau national et à Fatick, même jeune, j’avais déjà intégré aussi les structures des adultes en tant que SG de la section PDS de Ndiob/département de Fatick.

Lors de la dernière Présidentielle, on vous a vu battre campagne pour la Coalition « Diomaye Président « . Qu’est ce qui a guide votre choix ?

J’ai battu campagne pour la coalition Diomaye Président, parce ce que sa vision et  ses ambitions pour la République du Sénégal correspondent aux miennes en tant que leader du Mouvement pour la Révolution Citoyenne (MRC). J’ai rejoint la coalition Diomaye Président dès novembre 2023, il (Bassirou Diomaye Faye) était encore en prison et beaucoup d’acteurs politiques ne croyaient pas à sa candidature à cause de son incarcération. Je l’ai choisie aussi parce que le message des sénégalais pour un changement tranché et non la continuité, était clair. En tant qu’homme politique je serai et je souhaite rester toujours du côté peuple.

Le Président est installé, le PM nommé, le gouvernement mis en place et certaines directions comme le PORT, la CDC, la RTS pourvues. Quelle est votre réaction ?

Quand on gagne une élection, on gouverne, c’est aussi ordinaire que çà (rires).  Écoutes, j’apprécie la configuration des départements ministériels avec cette approche cohérente en regroupant les sous-secteurs plus connexes pour faciliter la coordination et la synergie dans l’action publique de développement. La taille du gouvernement en est réduite, c’est une très bonne chose. Le Premier Ministre montre une rage de travailler tout de suite et maintenant. Bon courage à l’équipe gouvernementale. Par ailleurs la nomination de DG a fait polémique parce qu’il a été annoncé des appels à candidatures pour pourvoir ces postes. Je pense qu’il a eu une erreur de communication (on pourrait l’admettre) ou une communication mal comprise par l’opinion. On gouverne avec ses hommes de confiance, ceux avec qui, on a gagné les élections. Quelles incertitude et insécurité de confier des postes comme la Direction Générale du port de Dakar, DIGD, de l’AIBD, à une personne recrutée juste par appel à candidature ? Pour mieux reformuler, comment confier par exemple le port autonome de Dakar à un cadre si performant soit-il, militant engagé d’un parti d’opposition ?  Je dis non, ce n’est pas possible. De toute façon, au Sénégal, il y a des services publics qui de par leur nature, sont établis dans la catégorie où l’appel  à candidature est la règle, comme l’Agence de Développement Municipal, les Agences régionales de Développement, le Programme National de Développement Local, ..etc.

En revanche, il est exigible aujourd’hui au Sénégal, la règle suivante : « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Le Président de la république nomme aux emplois civils et militaires, mais il est nécessaire que les postes de DG soient conformes aux profils (compétences, expériences, personnalité) des personnes choisies parmi l’équipe gagnante qui gouverne. Les appels à candidatures visent le même objectif de performance, on peut y arriver par décret en restant avec ceux à qui le Président fait confiance.

Une bonne partie de l’opinion soutien que le Projet tant prôné par Sonko n’existe pas et c’était un leurre. Quelle perception avez-vous sur ce projet

Je le range toujours du côté d’une communication mal comprise ou moins prudente, que ce soit le cas des nominations de DG ou du PROJET, mais ce qui est indéniable, c’est la volonté ferme des nouvelles autorités de faire une rupture dans la gouvernance de ce pays. Je demande ainsi au peuple sénégalais de faire preuve de patience, en faveur de ce duo plein d’engagement et de patriotisme. Le livre du PROJET est là depuis la campagne électorale, le contenu date bien avant d’ailleurs. Ce livre du PROJET présente la vision, des orientations stratégiques que les sénégalais ont approuvées par un vote gagnant dès le premier tour. Maintenant, il faut l’opérationnaliser en déclinant les actions et activités pour en déduire leurs différents coûts ainsi que leur distribution dans le temps et l’espace. Ici, «PROJET», écrit tout en majuscule n’a pas le même sens que «projet» qui est dans le sens d’une action d’adduction d’eau potable entre deux villages, mais il exprime plutôt l’état global souhaité du futur Sénégal, que plusieurs «projets» mis en œuvre permettraient d’atteindre

In fine, l’approche qui consiste à décliner à partir de maintenant (après validation du peuple par le vote) des actions territoriales de développement à partir du PROJET, reste classique et très cohérente. Il faut saluer le fait que ce travail ne fasse recours à de cabinet étranger mais aux ressources humaines locales.

On constate aussi que l’équilibre régional n’a pas été respecté dans la formation du gouvernement et pour preuve la région de Fatick n’est pas représentée dans le gouvernement.  Là vous ne payez pas à cause de Macky Sall ?

Macky Sall nous (fatickois) a déjà fait trop payer ; par exemple, moi, je me considère être dans l’opposition depuis 2005 à cause de Macky SALL, ce serait dommage qu’il nous fasse encore payer(rires).

Mais en fin, la formation d’un gouvernement est très complexe, effectivement il y a des considérations géographiques et encore d’autres considérations, mais toutes reviennent à celles politiques, et c’est ça la difficulté. Par exemple, il y a bien deux Secrétaires d’État originaires de la région de Fatick qui siègent au gouvernement, mais malheureusement vous n’êtes pas le seul à dire que Fatick est laissé en rade, c’est justement l’aspect politique qui est très complexe à gérer efficacement. Je souhaite encore bonne chance à l’équipe gouvernementale au bénéfice de notre cher Sénégal.

Quels conseils au duo Diomaye-Sonko ?

La rupture promise est exigible, elle se manifestera essentiellement par une gouvernance participative, transparente et efficiente, pour induire des efforts sincères dans la recherche de satisfaction des besoins des populations. Le défi semble être le management de notre coalition politique qui est nécessaire pour accompagner le gouvernement et sa capacité à éviter toutes les erreurs des deux coalitions précédentes ayant conduits les deux premières alternances au Sénégal.

Votre dernier mot.

La priorité aux priorités !

Par Abdou Latif Ndiaye

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