Les Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (Apac) jouent un rôle important dans la conservation de la biodiversité par les communautés. Un bel exemple pour lequel le Programme de micro- financement du Fonds pour l’environnement mondial (PMF/FEM) à travers sa représentation au Sénégal soutient de fort belle manière l’existence non seulement, mais aussi l’identification, la promotion et la gestion de ces sites historiques – (avec En Relief)
Mais pour autant, un bon suivi reste à faire malgré ce soutien et l’engagement des acteurs dans la dynamique d’amélioration du suivi de ces aires. Surtout que la maitrise des outils d’aide à la conception et au suivi-évaluation des projets reste entière. Tout comme aussi l’index de sécurité et de résilience, la matrice de gestion de l’information des projets et la méthodologie d’enregistrement et de transmission des informations dans les bases de données mondiales. Ainsi, la rencontre de Dakar a permis de passer en revue toutes ces questions. « C’est l’objet de notre rencontre ici à Dakar qui regroupe près d’une vingtaine de membres des aires du patrimoine autochtone communautaire (Apac) », nous explique Khatary Mbaye. Il revient sur la particularité de ces Apac qui selon lui, « ont des particularités à la différence des parcs et autres réserves naturelles. Car, ces Aires du patrimoine autochtone communautaire (Apac) sont gérées par les populations locales et jouent un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité par les communautés elles-mêmes ».
Elaboration d’un plan d’adaptation préconisée
Pour autant, l’engagement des participants a été bien perçu par les initiateurs ce qui a permis d’entrevoir beaucoup de perspectives dans ce combat de sauvegarde des aires du patrimoine autochtone communautaire (Apac) et cela dans le cadre du développement endogène. Cet ancien forestier à la retraite Mamadou Goudiaby de Bignona, ne manque pas de nous confier selon lui, « les efforts qui sont abattus par les responsables des aires du patrimoine pour maintenir l’équilibre et tendre vers une ouverture ». C’est pour cette raison souligne-t-il, « que cette formation est venue à son heure pour mieux faire connaître la vocation des aires du patrimoine. La participation de tout un chacun a été magnifiée car comme vous pouvez le constater à travers même les interventions, l’impact des aires du patrimoine n’est plus discutable. Pour preuve, je vous renvoie aux objectifs de la convention sur la diversité biologique de 1992 ratifiée par notre pays mais qui peine à les respecter ou tout simplement serait fort clos en bilan n’eut été la prise en compte de cette nouvelle donne des Apac».
Par ailleurs, le pool d’experts dont les capacités ont été renforcées déterminera dorénavant, la place qu’il convient d’accorder aux aires du patrimoine autochtone communautaire dans la nomenclature des aires protégées au niveau national. Les participants à l’atelier ont beaucoup insisté sur le rôle extrêmement important que jouent les aires du patrimoine autochtone communautaire (Apac) surtout dans la conservation de la diversité bio culturelle, c’est-à-dire la diversité biologique d’abord à cause de ses ressources naturelles mais aussi la diversité culturelle qui a comme soubassement l’efficacité de la conservation qui est basée sur des pratiques traditionnelles, culturelles et autres. D’autant plus que, ajoute Mr Goudiaby, « c’est seulement au niveau des APACs où l’on peut parler de biodiversité car tous nos massifs forestiers sont en voie de dégradation avancée sauf les reliques de forêts édaphiques ou mangrove ».
La reconnaissance juridique, une urgence
Aujourd’hui, la reconnaissance juridique s’impose d’elle-même du fait de l’importance de ces aires du patrimoine. Selon M. Goudiaby, « l’impact des APACs étant très positif au plan national comme mondial, du fait qu’elles constituent une réponse à la résilience aux changements climatiques, il est impérieux aujourd’hui qu’elles soient reconnues au plan juridique à l’image des aires marines protégées ». D’ailleurs, souligne l’ancien forestier, « cette préoccupation est déjà prise en compte dans nos recommandations et nous sommes en train de travailler dans ce sens. Et cette tâche a été confiée à nos instances de décision reconnues au niveau national comme l’Association nationale des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire du Sénégal (ANATPAC), le réseau national des organisations communautaires pour l’environnement dans le Delta du Saloum, le centre ouest, le nord et le sud du Sénégal (RENOPE), le réseau de conservation de l’environnement de la Casamance et du Sénégal Oriental (RCECSO), qui sont en train de faire un travail remarquable à cet effet et pour preuve, une base de données sur les APACs existe déjà au Sénégal ».
Dans cette dynamique, d’ailleurs souligne El Hadji Maguette Diaw, le président de l’ANATPAC, « un projet de loi est en gestation et nous avons fait des propositions dans ce sens pour la prise en compte des aires et territoires du patrimoine communautaire. Il est clair, « qu’on ne crée par les APACs, on les reconnait. Tel est le leitmotiv qui sous-tend le plaidoyer des communautés gardiennes pour la reconnaissance juridique des territoires de vie, communément appelés APAC. En effet, les Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire sont, par excellence, des espaces dédiés à la promotion et à la conservation de la biodiversité et des gènes qui y sont associés. Elles contribuent substantiellement à l’amélioration des conditions de vie des communautés par la fourniture de services éco systémiques ligneux et non ligneux et à leur résilience face au changement climatique.
Ces réservoirs de biodiversité sont le legs des aïeux qui, pour des raisons de sécurité alimentaire, culturelles, médicinales etc. ont, longtemps, été maintenus et entretenus par les communautés. Aujourd’hui le Sénégal compte vingt-six (26) APACs identifiées qui sont réparties sur tout le territoire national. Elles sont ainsi regroupées sous forme de consortium zonal suivant la logique du découpage éco géographique. C’est pourquoi, selon le Directeur exécutif de l’Ong ADTR/GERT basée à Thiès, Abdoulaye Gueye, « cette formation nous a permis de mieux comprendre les mécanismes de remplissage des projets. Car, comme vous le savez, il y’a toujours des innovations comme c’est le cas pour cette année sur le remplissage de la matrice de recueil d’informations pour avoir accès aux populations et ceci nous réconforte beaucoup en ce sens qu’il nous permet de renforcer nos capacités et pouvoir mener des actions sur les Apac qui sont des zones que nos ancêtres nous ont légué et que nous n’avons pas le droit de laisser cela comme ça où à la jeunesse au risque de tout perdre. Donc, nous pensons qu’il faut essayer de faire revenir ce que nos ancêtres nous ont laissé au niveau des villages pour comprendre et mieux imprégner les gens surtout les populations sur les réalités de nos zones respectives. C’est cela l’objectif des Apac dont la terminologie est utilisée pour décrire les aires et les territoires qui sont des patrimoines des peuples autochtones et des communautés locales ».
Pour rappel, la première Apac au Sénégal est celle de Kawawana dans la commune de Mangagoulack en Casamance et en 2017, cinq (5) autres aires du patrimoine ont été identifiées. Il fallait aussi essayer en 2024 pour pouvoir quand même essayer de mener alors d’ouvrir d’autres zones au niveau du Sénégal et en même temps lancer le projet. Les principales recommandations sont liées à l’élaboration d’un règlement intérieur, la planification, vision et budgétisation pour éviter la dépendance tout en évoluant vers l’indépendance. Aujourd’hui, il convient de lier les APAC au terroir et inciter l’implication des politiques et autres personnalités influentes. Il faut aussi avoir en maitrise les sept (7) domaines d’intervention avec leurs critères en plus de disposer d’informations claires sur les différentes espèces végétales et animales pour pouvoir présenter un bon projet. Autres aspects à mettre en exergue, la bonne maitrise des outils d’aide à la conception et au suivi-évaluation des projets APACs par les acteurs locaux et plus particulièrement l’index de sécurité et de résilience, la matrice de gestion de l’information des projets et la méthodologie d’enregistrement et de transmission des informations dans les bases de données mondiales.
Réalisé par Mohamadou Sagne