C’est à l’occasion de la Biennale off ce samedi 21 mai 2022 au BAAT à Yène Kao. «Anouchka dresse son regard personnel avec sa sensibilité d’artiste sur le Sénégal, à travers ses voyages, ce qu’elle a pu voir, rencontrer. Agsila aussi, qui est quand même quelqu’une qui est allée que deux fois en France jusqu’à présent et qu’un regard aussi qui peut être compassionnel, aimant, regarde sur ce continent européen qu’on peut détester mais qui peux aussi fasciner, qui peut créer des relations intéressantes et profondes», a laissé entendre Hervé Breuil.
Les derniers dessins d’Anouchka Desseilles tournent autour de l’idéologie de la domination. «Je me suis appuyée sur l’ouvrage d’Anne Lafont. L’art et la race. L’Africain (tout) contre l’œil des Lumières» qui analyse au XVIII siècle la représentation des Noirs dans l’art Français avant l’abolition de l’esclavage. Son idée première était de représenter des amis dans leur quotidien en 2020, après son dernier voyage au Sénégal en 2018. D’abord, elle s’est attachée à un thème universel: l’adolescence, en faisant correspondre des dessins avec des extraits des romans d’Alain Mabanckou. Ensuite, elle s’est interrogée sur l’indécence de représenter des individus d’autres cultures que la sienne. Depuis toujours ce qui l’intéresse dans sa pratique de plasticienne, c’est d’interroger les rapports de domination dans nos sociétés quels que soient les continents.
Son épouse, Agsila, de son vrai nom Daba Diop, et lui sont très sensibles au pont entre les deux continents africain et européen. «En toute simplicité ce pont qui puisse exister entre l’Europe et l’Afrique, la France et le Sénégal, des liens très forts qui se nouent entre des humains, indépendamment de la politique, de l’économie, sans vouloir non plus dissimuler l’histoire tragique entre ces pays. Et, nous avons conscience des traumatismes qui subsistent mais notre relation peut-être saine et c’est un tout petit peu dans ce rapport des choses dont on se place, 60 ans après l’indépendance», explique M. Breuil estimant qu’on a le temps de tisser de nouvelles histoires. A son entendement, le BAAT, c’est une rencontre entre le son (Agsila) et l’image (Hervé).
SNd. Le Diaraf