C’est à l’occasion de la Biennale off ce samedi 21 mai 2022 au BAAT à Yène Kao. «Anouchka dresse son regard personnel avec sa sensibilité d’artiste sur le Sénégal, à travers ses voyages, ce qu’elle a pu voir, rencontrer. Agsila aussi, qui est quand même quelqu’une qui est allée que deux fois en France jusqu’à présent et qu’un regard aussi qui peut être compassionnel, aimant, regarde sur ce continent européen qu’on peut détester mais qui peux aussi fasciner, qui peut créer des relations intéressantes et profondes», a laissé entendre Hervé Breuil.
La rencontre entre Agsila, chanteuse- compositrice et l’artiste française, Anouchka Desseilles est justement artistique, un pont qu’offrent deux personnes qui s’interrogent sur la culture de l’autre. Elle s’est tenue, ce samedi, au BAAT (voix en wolof) qui se décline sous les abréviations Bureau Africain des Arts et Techniques, un petit centre culturel que Monsieur et Madame Breuil ont créé. C’est une réunion du talent et du savoir-faire technique qui doit aboutir à la création, de se faire et d’exister. C’est la deuxième biennale dans ce site majestueux au cœur du village traditionnel, en bordure de l’océan atlantique, marquant le début de la Petite- Côte à partir de Dakar, la capitale sénégalaise. La première était en 2018 dans ce même lieu. Il y avait aussi des artistes invités dont un martiniquais qui est venu travailler avec les habitants du village, les enfants du quartier à travers des ateliers.
Cette deuxième édition est plus basée sur la peinture, la qualité picturale de Anouchka Desseilles qui une très grande peintre, qui maîtrise très bien la matière, la peinture. Pendant ce vernissage, durant la soirée Agsila a développé ses chansons. Elle a ressorti un album de dix morceaux qui avait été enregistré au BAAT même en 2017 et qui s’appelle Soupirs. Ce sont des chansons parfois wolof, parfois en français. Et qui sont plus sur le rapprochement entre ces deux continents, l’Afrique et l’Europe.
Les derniers dessins d’Anouchka Desseilles tournent autour de l’idéologie de la domination. «Je me suis appuyée sur l’ouvrage d’Anne Lafont. L’art et la race. L’Africain (tout) contre l’œil des Lumières» qui analyse au XVIII siècle la représentation des Noirs dans l’art Français avant l’abolition de l’esclavage. Son idée première était de représenter des amis dans leur quotidien en 2020, après son dernier voyage au Sénégal en 2018. D’abord, elle s’est attachée à un thème universel: l’adolescence, en faisant correspondre des dessins avec des extraits des romans d’Alain Mabanckou. Ensuite, elle s’est interrogée sur l’indécence de représenter des individus d’autres cultures que la sienne. Depuis toujours ce qui l’intéresse dans sa pratique de plasticienne, c’est d’interroger les rapports de domination dans nos sociétés quels que soient les continents.
Rappelons que Hervé Breuil est cinéaste, plus dans l’image. Il est français résidant au Sénégal depuis plusieurs années. La première fois qu’il est venu au Sénégal, c’était en 2008 pour la Biennale justement; un événement qui l’a fait découvrir ce pays de la ‘’Téranga’’. «C’était la première fois que je venais changer ma vie puisque j’ai décidé de venir m’installer au Sénégal. Depuis quelques années nous sommes installés ici à Yène Kao avec ma femme, Agsila; une chanteuse- compositrice avec un répertoire surtout wolof. Elle chante aussi en français et dans d’autres langues africaines», a relevé M. Breuil.
Son épouse, Agsila, de son vrai nom Daba Diop, et lui sont très sensibles au pont entre les deux continents africain et européen. «En toute simplicité ce pont qui puisse exister entre l’Europe et l’Afrique, la France et le Sénégal, des liens très forts qui se nouent entre des humains, indépendamment de la politique, de l’économie, sans vouloir non plus dissimuler l’histoire tragique entre ces pays. Et, nous avons conscience des traumatismes qui subsistent mais notre relation peut-être saine et c’est un tout petit peu dans ce rapport des choses dont on se place, 60 ans après l’indépendance», explique M. Breuil estimant qu’on a le temps de tisser de nouvelles histoires. A son entendement, le BAAT, c’est une rencontre entre le son (Agsila) et l’image (Hervé).
SNd. Le Diaraf