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Dr Papa Ndary Niang : «le 21è siècle est celui de la jeunesse africaine talentueuse, audacieuse…»

Docteur vétérinaire et expert en stratégie et Management, Dr Papa Ndary Niang reste très attentif aux derniers soubresauts de l’actualité. Expert International en Stratégie et Management, il est d’avis qu’il existe des paramètres socioculturels que l’État n’avait pas intégrés initialement dans le processus de prise de décision du couvre-feu, tout en trouvant prématuré la décision décréter la fin de la situation de catastrophe sanitaire.

 Dr Niang a appelé le ministère de la Santé à intégrer dans le processus de vaccination contre la Covid en cours dans notre pays les vétérinaires tout en demandant de rester vigilant sur le vaccin Astrazeneca. Enfin sur les émeutes qui ont secoué le pays dernièrement il a demandé au Chef de l’Etat le Président Macky Sall de prendre dans les trois (3) prochaines semaines des mesures hardies pour une vraie rupture de la gouvernance de ce pays.

Entretien…

Comment analysez-vous la décision du Président Macky Sall de remonter le couvre-feu de minuit à 5h du matin et la fin de la situation de catastrophe sanitaire ce 19 Mars ?

Pour une fois depuis le début de la pandémie, « Le Président Macky Sall n’a pas convoqué la Science. Il a pris le contrepied du comité scientifique pour répondre à une demande sociale qui était de mettre un terme immédiat aux restrictions liées au couvre-feu. » Je crois qu’il a pris cette décision quasiment seul au regard de la situation de chaos que traversait le pays ces derniers jours avec les manifestations que nous avons vécues. Je m’incline d’ailleurs pieusement devant la mémoire de nos disparus. Pour revenir sur la décision de réviser l’heure du couvre-feu, je crois qu’il a vu juste et ce sont ces paramètres socioculturels que l’État n’avait pas intégrés initialement dans le processus de prise de décision. Nous avions alerté à un moment donné. Mais, mieux vaut tard que jamais.

Par contre, décréter la fin de la situation de catastrophe sanitaire est prématurée car les données épidémiologiques ne présagent pas d’une tendance baissière soutenue des contaminations ces prochains jours. Il faut même craindre une 3éme vague dans les 15 prochains jours comme conséquence éventuelle des manifestations tous azimuts dans le pays. Au regard de ce risque, nous devrions continuer à respecter les mesures barrières et accélérer le processus de vaccination des populations avant que le Chef de l’État ne décrète objectivement la fin de la situation de catastrophe sanitaire. L’activité économique doit reprendre et va reprendre, suis en phase avec le Pr Bamba Kane, Physiologiste, mais avec une vigilance maintenue.

Quel bilan feriez-vous de la campagne de vaccination actuelle?

La campagne se déroule à un rythme convenable en dépit des dérives notées par moment. Je mets ces actes dans la volonté des pouvoirs publics de bien sensibiliser. Restons positifs et rectifions vite ces erreurs de casting. Le programme de vaccination doit s’adresser aux cibles prioritaires (personnes de plus de 65 ans, personnes à comorbidité, personnel médical, paramédical et de soutien). J’insiste une fois de plus sur l’impérieuse nécessité d’y intégrer très rapidement les vétérinaires, les chirurgiens-dentistes et les pharmaciens au risque de développer le syndrome des comorbidités induites. Par ailleurs, il faudra rester vigilant sur le vaccin Astrazeneca qui crée des mortalités post vaccinales causées par la formation de caillots sanguins entraînant des embolies pulmonaires, AVC et crises cardiaques. Je ne m’inquiète pas trop, car je sais que nos autorités et le corps médical à travers le Ministère de la Santé et de l’Action sociale seront intransigeants dans le choix des vaccins qui seront distribués au Sénégal.

Enfin, pour finir avec le plan de vaccination, les prochaines cibles devront être les forces de défense et de sécurité du pays, les enseignants, puis les populations de 45 à 65 ans et enfin le reste.

Comment analysez-vous les manifestations de ces derniers jours et les décisions du Président Macky Sall ?

C’est regrettable, très pénible. Nous avons vécu un chaos qui restera un traumatisme national au même titre que la pandémie à Covid-19. Notre pays cité en exemple partout, un havre de paix, de liberté, d’indépendance, de solidarité mutuelle, un pays de Téranga basculé dans une violence extrême à tel point d’être la Une de la Presse Mondiale, quelle honte. Nous sommes tous meurtris dans nos chairs et nos os.

La jeunesse a des exigences légitimes que nos dirigeants ont l’obligation de satisfaire. Je reste persuadé que le 21è siècle est celui de la jeunesse africaine. J’ai sillonné l’Afrique pour déployer des stratégies de développement dans une trentaine de pays en 29 ans et partout j’ai été séduit par le génie et l’audace des jeunes africains. Il faut que nos dirigeants leur donnent l’opportunité d’exprimer leurs talents pour l’émergence de l’Afrique. C’est tout ce que les jeunes demandent, servir leur continent pour demeurer dignes.

L’erreur de nos dirigeants est de vouloir administrer des thérapies inachevées avec une bande de copains ou de businessmen. Non, cette approche ne va plus prospérer en Afrique. L’Afrique ne peut pas être le berceau de l’Humanité avec les ossements de Lucie en Éthiopie, le berceau de la science avec les Pyramides en Égypte et être bon dernier au classement des nations. Et pourtant au plan international, il y a partout des africains dont l’expertise est reconnue. Pourquoi on continue de vivoter avec tout le potentiel qu’on a. Ce n’est pas acceptable.

Je ne fais pas le procès de Macky Sall, je crois qu’il reste animé par une volonté de bien faire et je reste persuadé que tous les sénégalais prient pour qu’il réussisse son mandat, car son échec impacterait voire hypothéquerait des générations entières de sénégalais pour ne pas dire d’africains. C’est une grosse responsabilité. Pour y parvenir, le Président Macky Sall doit dénicher les compétences où qu’elles se trouvent et ainsi en parfaite synergie le Sénégal pourra réussir le pari de l’émergence.

Les mêmes causes produiront les mêmes effets. Si le Président Macky Sall s’obstine à faire avec les mêmes depuis 9 ans, il échouera et ce serait une catastrophe pour le pays. Le Président Macky Sall doit prendre dans les 3 prochaines semaines des mesures hardies pour une vraie rupture de la gouvernance de ce pays. Il y a des compétences sénégalaises prêtes à l’appuyer. Il faudra qu’il accepte de se refaire un sang neuf autour de lui et d’être réceptif aux avis et critiques venant de ces compétences dont la seule préoccupation est de réussir le décollage économique du Sénégal.

Les intellectuels que nous sommes sont là pour l’aider et pas le contraire. Malheureusement, à leurs stations, très souvent nos chefs d’États nous voient de leurs trônes, alors qu’en réalité c’est eux qui ont besoin de nous pour réussir. Personnellement, je vis très bien ma vie, une compétence reconnue internationalement, comme beaucoup d’africains, avec une culture de l’indépendance de ton. Nos présidents ont intérêt à s’entourer de ces catégories de personnes pour pouvoir prendre les bonnes décisions. Avec ou sans Macky, quel que soit le Président de la République, nous continuerons à vivre de notre expertise en toute indépendance. Alors, n’est-ce pas plus facile d’impliquer ces gens dans la gouvernance du pays ?

S’ils veulent récompenser la fidélité de leurs militants, qu’ils leur donnent des postes à la hauteur de leurs capacités pour respecter l’équité. Mais, il faut arrêter de heurter la sensibilité des sénégalais, qui voient des injustices et qui le ruminent pendant des années.

Enfin, la presse a aussi une grosse responsabilité dans l’éveil des consciences. La Presse doit revoir les personnes à qui elle offre une tribune pour assainir le paysage médiatique. La Presse doit donner à la jeunesse des modèles pour insuffler les ambitions qu’elle nourrit pour le Sénégal.

J’espère que le Président Macky Sall fera des ruptures très rapidement pour pouvoir partir par la Grande porte.

Avec Cheikh Seck NDONG

 

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