«La tournée économique du Président de la République est d’une grande pertinence et il doit le poursuivre dans les autres zones. Sans le développement agricole, il ne serait guère facile d’atteindre les objectifs de développement économique fixés par l’Etat. Les jeunes doivent retourner vers la terre à Fatick. La salinisation des terres accentuées par l’exploitation abusive du sel et l’urbanisation galopante sont les contraintes majeures de l’agriculture dans le département de Fatick», a indiqué M. Senghor.
C’est un périmètre agricole de cinq hectares qui était jadis cultivé par mes ancêtres mais en jachère depuis quelques années. Je l’ai aménagé et emblavé cette année à travers la culture de l’arachide pour les deux hectares et de «niébé» haricot pour trois hectares et présentement avec mes ouvriers nous sommes entrain de faire la récolte du niébé.
C’est quoi votre formation, Pourquoi l’agriculture, est-ce que une réponse à l’appel du Président pour un retour vers l’agriculture ?
Je suis juriste de formation, spécialiste des contrats publics et du management des ressources humaines. J’ai eu ma maitrise en droit public à l’UCAD en 2009 et j’ai mon master en Administration des marchés publics, délégations des services publics et des partenariats public-privé à l’université Alioune Babara DIOP de Bambey, par ailleurs j’ai fait un autre master en management des ressources humaines.
Aujourd’hui, depuis 2011, je suis cadre administratif dans l’administration de l’Etat.
Il est vrai que c’est rare de voir au Sénégal un jeune diplômé de surcroit cadre de l’administration s’adonnait à des activités agricoles. Mais je fais partie de ceux qui pensent que l’agriculture est un levier phare pour le développement économique de tout pays. On peut citer l’exemple des pays comme le Brésil, la Corée du Sud, l’Israël et même le Maroc qui se sont tous développés à travers la mise en place de systèmes agricoles très cohérents et très performants.
Sans le développement agricole, il ne serait guère facile d’atteindre les objectifs de développement fixés par l’Etat. Dieu merci que nos autorités gouvernementales l’ont très bien compris et sont en train de mettre des politiques agricoles adéquates pour le développement du secteur.
J’ai récemment beaucoup aimé la création des agropoles à travers les différentes zones du pays suivant le potentiel économique de chaque zone. C’est une chaine de valeurs qui permettra sans doute de relancer le potentiel de chaque zone et de chaque région et par conséquent la création d’emplois et de richesses. C’est une vision salutaire du Président de la République M. Macky SALL.
Cependant la raison principale de cet amour que j’ai pour l’agriculture et même l’élevage, réside ailleurs.
D’abord je suis né dans une famille de cultivateurs et d’éleveurs. C’est une profession que ma famille exerce depuis nos aïeux et ça c’est connu de tous ici à Fatick. J’ai donc été très tôt initié et formé aux cultures hivernales notamment celles du mil, de l’arachide du sorgho. Avant d’être juriste, je suis d’abord agriculteur au sens large et je le dis avec fierté.
J’ai aussi très tôt connu le potentiel énorme qui est dans la terre. J’ai également toujours su et cru que la terre ne ment pas. Tu la traites avec amour et respect et elle te paie au centuple. Ce n’est pas la première année que je m’adonne pendant l’hivernage à des activités agricole, à chaque fois que mon calendrier me le permet je le fais et mets un ensemble de dispositifs pour une bonne récolte. Effectivement, je cherche de la main d’œuvre à travers le recrutement d’ouvriers journaliers que je paie à raison 2500 et 10.000 FCFA la journée au cas où la personne vient avec son matériel notamment son cheval et sa machine. Je peux même me permettre de dire que je crée de l’emploi durant cette période hivernale.
Comme je l’ai dit précédemment ce n’est pas ma première année de culture. Les années passées, je le faisais mais pas avec cet ampleur. Cette année principalement j’ai effectivement répondu à l’appel du Président de la République invitant les jeunes à embrasser l’agriculture.
Etant donné que j’y étais déjà, cela m’a facilité les choses. Je n’ai fait qu’étendre mon périmètre agricole, augmenter la quantité de mes semences et les intrants. De passage je remercie et félicite le Ministre de l’agriculture et de l’équipement rural pour les dispositions préalablement prises avant l’hivernage. Une partie de mes semences et des fertilisants me viennent de l’Etat à travers les subventions portées sur ces produits, donc Chapeau à l’Etat.
Le Président de la République à récemment fait une tournée économique dans le Sine Saloum, cela vous dit quoi ?
Je félicite et encourage le Président de la République pour cette heureuse et belle initiative. Cette tournée, j’ose dire qu’elle a été une réussite totale et a entièrement répondu aux attentes.
Elle a permis au Président d’entrer directement en contact avec les acteurs agricoles, d’avoir un retour d’informations après les dispositions prises avant l’hivernage. Cette tournée lui a aussi permis de recevoir les recommandations directes formulées par les agriculteurs. Cette tournée lui sera sans nul doute d’une importance capitale et va également l’aider dans la prise de décisions pour la saison à venir.
Du coté des acteurs, c’est rassurant de recevoir dans leur propre domaine le Président de la République. Pour eux, c’est encourageant et motivant car ils réalisent que le Président les suit de près et est attentif à leurs préoccupations.
Cette tournée a été une excellente initiative et j’invite d’ailleurs le Président de la République à l’insérer dans son agenda annuel tout en renforçant le contenu. Par exemple pour chaque localité visitée demander préalablement aux populations de faire le reboisement de mille plants adaptés à la zone en collaboration avec les services compétents notamment le service des eaux et forets et l’Agence nationale de la reforestation. Le Président peut également prendre des mesures incitatives allant dans le sens d’encourager les associations sportives et culturelles (ASC) à s’inspirer de l’exemple de l’ASC Diam Bougoum de Niakhar.
Est-ce que l’agriculture dans cette zone de Fatick connait des contraintes ?
Ces dernières années, l’agriculture dans la zone du département de Fatick connait un certain nombre de problèmes qui sont d’une part d’ordre naturel mais d’autres parts du fait de l’homme.
Dans le premier cas, l’agriculture dans le département de Fatick est confrontée à la salinisation des terres.
Les terres jadis fertiles, sont aujourd’hui presque tous envahies par l’avancée du sel. Maintenant il est très difficile d’avoir de l’eau douce dans la zone à travers un puits. En conséquence les exploitations maraichères sont difficilement réalisables dans la localité c’est le cas dans les communes de Fatick, Diouroup, Mbéllacadiaw et même une partie de Niakhar.
La salinisation des terres est aggravée par l’usage abusif voire sauvage du sel dans le département notamment dans les communes de Fatick, Mbéllacadiaw et Diouroup.
Depuis quelques années, le département de Fatick reçoit beaucoup de producteurs de sel, même des investisseurs étrangers et cette production énorme voire abusive du sel a des conséquences sur la qualité des terres car elles ont tendance à s’appauvrir.
L’autre facteur bloquant de l’agriculture dans la zone demeure le fait de l’homme. Il s’agit du problème foncier. En effet, avec l’urbanisation galopante que connait le département, les pauvres paysans se voient souvent dépossédés de leurs terres qu’ils exploitent depuis leurs aïeux.
Mon propre oncle en est victime directe. Il a perdu les terres exploitées par ses ancêtres au profit d’un promoteur privé. Il est sans terre maintenant et est obligé d’en louer pour cultiver. Cette situation est extrêmement difficile pour quelqu’un qui ne compte que sur l’agriculture pour vivre.
Aujourd’hui Fatick a un véritable problème foncier. Fatick n’a plus de terres cultivables. Pour le peu qui en reste, l’Etat doit aider les agriculteurs à travers l’attribution de titre d’exploitation s’inscrivant dans de longues durées, je félicite d’ailleurs le Président de la République qui a déjà pris des mesures allant dans ce sens. L’Etat doit également faciliter l’accès à la terre aux jeunes et aux femmes.
A coté des grands producteurs et des Marabouts, l’Etat doit également encourager la jeunesse à embrasser ce secteur fort porteur à travers un encadrement rapproché.
Avez-vous un appel à lancer à la jeunesse sur l’agriculture ?
Juste dire que l’agriculture est un levier de développement, créateurs d’emplois et de richesses donc un véritable facteur de développement. La terre ne ment pas, elle est juste, loyale et très généreuse, par conséquent j’invite tous les jeunes qui en ont les possibilités, à y croire et à exploiter la terre à travers l’agriculture.