Longtemps pratiquée au Sénégal l’aquaculture a connu des fortunes diverses au cours de son développement avec des initiatives qui sont le plus souvent d’origine gouvernementale appuyées par la coopération bilatérale.
L’aquaculture a une contribution faible sur la production nationale de poisson (400 000 tonnes) au Sénégal (0.52%). En 2017, 222 sites de production sont recensés au Sénégal avec une productivité de 2080 tonnes selon l’Agence Nationale de l’Aquaculture.
La plupart de ces fermes produisent en faibles quantités et une bonne partie de ces fermes est en cessation d’activité pour différentes raisons dont la plus récurrente est le problème d’approvisionnement en alevins et en aliment de poisson de qualité. Car le Sénégal ne dispose pas d’écloseries modernes (pour une meilleure production des alevins de qualité) et de grandes fabriques d’aliments de poisson de qualité malgré tous ces efforts fournis par l’état :
– Création de l’Agence Nationale de L’Aquaculture en 2006.
– La mise en place du Plan stratégique Sénégal Emergent (PSE) visant l’émergence économique à l’horizon 2035. Produire 30000 tonnes de produits aquacoles en 2018 et 50000 tonnes en 2025. Le Plan d’Actions Prioritaires, qui se veut réaliste et innovante est articulé sur la période 2014-2018 et constitue le document de référence pour tous les acteurs du développement. Ce plan repose sur trois axes stratégiques: (i) Transformation structurelle de l’économie et croissance ; (ii) Capital humain, protection sociale et développement durable ; et (iii) Gouvernance, institutions, paix et sécurité.
Dans l’axe 1, l’aquaculture est positionnée dans les chapitres 3 et 5, avec des lignes d’actions précises.
Lignes d’actions :
LA-183. Sur le graphique montrant le portefeuille des 27 projets phares et des 17 réformes clés, dans le secteur de l’agriculture, produits de mer et agroalimentaires, figure en bonne place le développement accéléré de l’aquaculture;
LA-192. Il est mentionné que les opportunités en matière de pêche et d’aquaculture seront capitalisées à travers:
– Le développement d’une aquaculture compétitive par la création de stations de production au sein d’espaces aménagés avec des infrastructures adéquates ;
– La structuration d’une filière aquacole intégrée ;
– et L’accroissement de la valorisation des ressources halieutiques à travers l’érection de pôles industriels intégrés de transformation industrielle et artisanales.
LA-333. Avec 6 secteurs prioritaires dont l’aquaculture pour une enveloppe de 22,510 milliards de F CFA, intitulé « projet phare de développement accéléré de l’aquaculture ».
Les résultats enregistrés jusqu’à présent sont demeurés timides à cause des difficultés liées :
– A l’absence d’un cadre juridique et incitatif pour le développement de l’Aquaculture. L’absence de cadre législatif et réglementaire des activités aquacoles (Code de l’aquaculture) et d’un système d’incitations spécifiques au développement du secteur de l’aquaculture ( définition d’un cadre facilitant l’accès au foncier et à la disponibilité de l’eau, soutien à la production locale d’aliments de qualité à partir d’intrants locaux, appui au montage de projets privés, mise à disposition des opérateurs privés d’un système d’information performant, etc.) freinent le développement de l’initiative privé dans ce sous-secteur.
– Au manque de financements adaptés au développement d’activités aquacoles : Une des plus grandes entraves à la rentabilité financière de la pisciculture au Sénégal est sans nul doute le prix élevé des aménagements et des aliments de qualité (importés). Le développement de cette activité nouvelle au niveau du Sénégal nécessite la mise en place de ligne de crédit pour l’accompagnement des promoteurs.
– A une absence de la coordination des interventions dans le sous-secteur de l’aquaculture : L’éclatement des structures administratives en charge de la mise en œuvre des projets et programmes publics de développement de l’aquaculture entre plusieurs départements ministériels (le ministère de la pèche ANA ; le ministère de la jeunesse PRODAC; le ministère de l’agriculture ANIDA) et l’absence d’une instance de coordination opérationnelle des interventions publiques dans le sous-secteur ont constitué un frein au développement du sous-secteur. Normalement tout devrait se centrer au niveau du ministère de la pèche via son ANA car c’est elle qui est chargée de déterminer la politique de développement du sous-secteur aquacole au Sénégal. Alors le gouvernement est censé d’organiser ce sous-secteur car l’aquaculture est devenue indispensable pour une solution alternative des pêches à cause de la raréfaction du poisson partout dans le pays.
– A l’inorganisation de la filière aquacole: Le sous-secteur manque de professionnels organisés capables de mener des études leur permettant de mieux maitriser les paramètres du sous-secteur et de défendre les intérêts des acteurs privés et communautaires qui interviennent dans l’aquaculture. Le développement des activités aquacoles a toujours été une option forte dans les politiques des pêches pour réduire l’effort de la pêche de capture, afin de contribuer à la satisfaction de la demande nationale de poisson et relever le niveau d’emplois et de revenus en milieu rural. Pour cela, la mise en place de conditions incitatives constitue une priorité car devant être les fondamentaux sans lesquels le développement de l’aquaculture n’est pas possible. Ces fondamentaux (Cadre juridique et économique incitatif, infrastructures de base et de soutien à l’activité) doivent concentrer tous les efforts pour l’atteinte de l’objectif de la production du dixième de la pêche de capture soit 40.000 tonnes /an au moins. Une meilleure promotion de la mariculture devrait être faite avec la mise en place de grandes fermes piscicoles industrielles en cages flottantes modernes pas artisanales. Avec l’introduction de nouvelles espèces marines comme les daurades, les loups et les maigres communs au lieu se focaliser toujours sur les espèces d’eau douce tilapias, les poissons chats etc…
Puisse que les 90% de la population sénégalaise consomment des poissons marins des efforts devraient être faits à ce niveau. Par conséquent cela nécessite une formation et un renforcement de capacité adéquat des techniciens et du personnel d’appui surtout sur les nouvelles techniques d’installations et d’entretien des cages flottantes en ponton (cubisystems).
Auteur :
Monsieur Doudou BA
Océanographe, Expert en Aquaculture et Aquariologie
Directeur général du Cabinet d’Etude et de Consultance en Aquaculture et Pèche
SINE AQUACULTURE CONSULTING A FATICK